[Proletarios Revolucionarios] Sur le défaitisme révolutionnaire et l’internationalisme prolétarien dans la guerre actuelle entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN

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Dernières corrections : 22/08/2022

Source en espagnol : https://proletariosrevolucionarios.blogspot.com/2022/03/sobre-el-derrotismo-revolucionario-y-el.html

« Lutte de classe prolétarienne internationale contre la tuerie impérialiste internationale, tel est le commandement de l’heure.
L’ennemi principal de chaque peuple est dans son propre pays ! […]
Fin au génocide !
Prolétaires de tous les pays ! […] Unissez-vous dans la lutte de classe internationale contre le complot de la diplomatie secrète, pour une paix socialiste !
 »
−Karl Liebknecht (mai 1915). L’ennemi principal est dans notre pays !

Introduction

Pour commencer et pour préciser le terrain sur lequel se déroulent les événements ainsi que cet article, il faut répondre à la question suivante : pourquoi la Russie envahit-elle l’Ukraine ? Pour s’emparer de sa position géopolitiquement stratégique, de ses ressources naturelles, de ses infrastructures industrielles et commerciales et de sa force de travail collective. Pour étendre son marché et son pouvoir en tant que puissance impérialiste décadente sur le plan du capitalisme mondial, avec les États-Unis/OTAN comme principal adversaire et la Chine comme principal allié. (Oui, la Russie est capitaliste et impérialiste… depuis l’époque de l’URSS jusqu’à aujourd’hui) Pour relancer son économie en crise ou pour compenser la baisse de son taux de profit par l’industrie de guerre, en exploitant les travailleurs ou en leur soutirant de la plus-value sur le front de la production et en disposant de manière meurtrière des prolétaires excédentaires sur le front militaire. En fait, la répartition du monde pendant une guerre impérialiste est fondamentalement la répartition de la plus-value mondiale entre les bourgeoisies nationales et régionales – dans ce cas, eurasiatique et occidentale – par l’exploitation et le massacre de la classe ouvrière mondiale. (Bien que, d’autre part, chaque guerre soit très coûteuse et ne puisse être maintenue longtemps.) Et, surtout, pour empêcher de nouvelles révoltes et insurrections des exploités et des opprimés dans les territoires qu’elle domine : avec l’administration étatique répressive de la crise sanitaire, cette guerre est une pièce maîtresse de la contre-révolution préventive en cours, surtout après la révolte mondiale de 2019. En bref : il n’y a pas de capitalisme sans impérialisme, sans crise et sans guerre ; et toute guerre impérialiste est toujours une guerre contre le prolétariat.

Ceci étant dit, nous pouvons maintenant vraiment ancrer la citation ci-dessus du camarade historique Liebknecht dans la situation mondiale actuelle : cela signifie que le moyen le plus puissant et le plus efficace de combattre et de vaincre « d’en bas » la guerre impérialiste entre la Russie et l’Ukraine/l’OTAN, c’est la lutte des prolétaires de la région russe contre leur propre bourgeoisie russe et la lutte des prolétaires de la région ukrainienne contre leur propre bourgeoisie ukrainienne. Comme le dit un camarade de la région mexicaine, « les prolétaires marchent tout autant contre Kiev que contre Moscou ».

Cela inclut en première ligne les prolétaires en uniforme ou les soldats des deux pays en guerre : qu’ils cessent de tirer et de tuer leurs frères de classe « de l’autre camp », « de l’autre côté » de la frontière nationale imposée par la classe capitaliste, qu’ils désobéissent aux ordres de leurs officiers et généraux bourgeois, et qu’ils retournent au contraire leurs armes contre ces derniers pour défendre leur propre vie. Si nous l’affirmons, c’est parce que cela s’est déjà produit dans de tels moments historiques (guerres mondiales et guerres civiles).

En allant encore plus loin, cela signifie que les prolétaires en uniforme des deux pays fraternisent et s’unissent, désertent les rangs militaires, remettent les armes aux prolétaires sans uniforme dans les rues, et participent ensemble à une vague de protestations et de grèves générales auto-organisées par le biais d’assemblées et de conseils ouvriers qui attaquent, paralysent et subvertissent les rapports sociaux capitalistes sur tous les fronts (du front de la production au front militaire) ; c’est-à-dire faire une insurrection qui contribue ainsi, par ses propres moyens, à la communisation de la vie dans ces territoires.

Compte tenu des dernières révoltes, grèves et protestations dans cette région de la planète (par exemple au Kazakhstan cette année, au Donbass en 2021, en Biélorussie en 2020, en Ukraine en 2014, etc.), c’est ce dont les dirigeants bourgeois de la Russie et de l’Ukraine ont peur au fond, et c’est pourquoi ils font la guerre.

Ou, à défaut, des manifestations de masse contre la guerre et le recrutement pour celle-ci, comme celles qui ont déjà lieu et sont réprimées dans les deux pays. Ainsi que les manifestations de solidarité de classe internationalistes qui ont également vu le jour contre cette guerre.

Quoi qu’il en soit, tout cela est, en pratique, ce qu’on appelle le défaitisme révolutionnaire, qui est la position historique et invariante des communistes et des anarchistes internationalistes face à la guerre impérialiste, en tant que produit de la dure expérience de millions de prolétaires dans les deux guerres mondiales.

Défaitisme révolutionnaire contre et au-delà de tout nationalisme et militarisme. Théorie et pratique

Pourquoi le défaitisme ? Parce qu’il est en faveur de la défaite des deux États-nations en guerre. Pourquoi révolutionnaire ? Parce qu’il est en faveur de la révolution prolétarienne internationale. Donc, ni la Russie, ni l’Ukraine/OTAN : défaitisme révolutionnaire.

C’est ce que signifie concrètement aujourd’hui la consigne « ni guerre entre les peuples, ni paix entre les classes ». Bien que dans le contexte historique actuel, elle soit plus complexe que dans le contexte historique dans lequel elle a été formulée, elle signifie aussi « transformer la guerre impérialiste en guerre de classe »… pour abolir les classes sociales : dialectiquement parlant, ce n’est qu’ainsi, par l’inévitable violence révolutionnaire contre la violence capitaliste et son complice qu’est le pacifisme citoyen, qu’il pourra y avoir une paix réelle entre les êtres humains, une fois que la société de classe violente sera abolie et que la véritable communauté humaine sera établie dans le monde entier. C’est la paix pour laquelle nous, socialistes, communistes ou anarchistes révolutionnaires, luttons.

Contradictoire ? Oui, parce que la réalité du capitalisme et de la lutte des classes est contradictoire. Contradictions qu’il faut assumer pour les résoudre ou les dépasser de manière révolutionnaire, puisque ce sont le développement capitaliste et la lutte des classes qui produisent les éléments et les tendances de l’abolition de la société de classe et de la gestation de la véritable communauté humaine. Des éléments et des tendances qui restent latents tout au long de l’histoire, mais qui deviennent visibles dans des situations révolutionnaires exceptionnelles mais décisives.

Ceci dit, il faut d’emblée reconnaître la position de faiblesse dans laquelle se trouve notre classe prolétarienne, en tant que véritable mouvement autonome et antagoniste contre l’État-Capital, dans le monde entier et, par conséquent, aussi dans les régions russes et ukrainiennes. Cette faiblesse rend inévitable que les prolétaires en uniforme dans ces régions s’entretuent, et que les prolétaires sans uniforme ne possèdent pas encore la force sociale réelle pour vaincre la guerre de l’intérieur. Parce que, sous l’effet de la drogue du nationalisme ou du patriotisme et, surtout, en raison de leur faiblesse actuelle en tant que classe autonome et antagoniste, ils soutiennent leurs bourgeoisies nationales respectives, c’est-à-dire leurs patrons et leurs bourreaux de classe.

Mais nous ne devrions pas abandonner à cause de cette situation temporairement défavorable, et encore moins trahir nos positions fondamentales contre la guerre impérialiste, telles que le défaitisme révolutionnaire et l’internationalisme prolétarien – positions qui, par ailleurs, sont le produit de l’expérience historique et internationale de lutte de notre propre classe – au profit de fausses concrétisations et d’urgences « tactiques » qui, en réalité, ne profitent qu’à notre ennemi de classe, la bourgeoisie internationale, même si elle se déguise en « alliée contre le fascisme et l’impérialisme ».

Il faut donc qu’au moins deux choses soient claires. Premièrement, dans ce genre de situations défavorables, ces positions révolutionnaires prennent un caractère défensif des conditions de vie immédiates des prolétaires, c’est-à-dire de leur vie même contre la machine de mort qu’est la guerre. Et deuxièmement, l’histoire montre que les attaques et les guerres de la classe capitaliste peuvent produire des contre-attaques inattendues ou surprenantes de la part de la classe prolétarienne, qui peuvent même se transformer en révolution ou au moins en révolte. Dans les deux cas, ce sont des centaines de milliers de prolétaires qui défendent et transforment matériellement leur vie sans intermédiaire ni mandataire d’aucune sorte.

En d’autres termes, aussi défensifs qu’ils puissent être dans des circonstances défavorables, si l’internationalisme prolétarien et le défaitisme révolutionnaire ne débouchent pas sur des actions de classe autonomes capables de modifier le rapport de force réel, alors ce ne sont rien de plus que des consignes abstraites et même délirantes (comme celles d’un certain personnage de la gauche antillaise qui voit partout des « insurrections prolétariennes » et publie sans cesse des « instructions militaires révolutionnaires »).

Cela ne dépend cependant pas de la volonté ni même de l’activité des organisations et des militants révolutionnaires, mais des conditions matérielles actuelles d’exploitation, de division, de désorganisation, de répression et d’aliénation capitaliste dans lesquelles nous, prolétaires, nous trouvons en tant que classe dans le monde entier. Par conséquent, seul le déroulement de la catastrophe capitaliste en cours et la lutte de classe réelle peuvent modifier le rapport de force actuel ou créer les conditions objectives et subjectives d’une situation révolutionnaire… ou pas.

Malgré tout cela, il appartient aux minorités révolutionnaires du prolétariat de maintenir et de brandir nos positions fondamentales à contre-courant, partout et de toutes les manières possibles, comme mémoire vivante et conscience que nos besoins immédiats en tant qu’exploités et opprimés sont au fond inséparables de notre besoin de révolution sociale en tant qu’espèce humaine, non seulement pour vivre une vie digne de ce nom – par opposition à la guerre quotidienne et à la mort vivante que nous connaissons sous le capitalisme – mais aussi pour sauver notre peau ou arrêter de mourir comme nous mourons de nos jours. Oui, parce que c’est la vie de notre espèce et de notre planète qui est en jeu. Et cela vaut aussi bien pour les conflits armés actuels que pour ceux à venir.

Par conséquent, les appels révolutionnaires internationalistes et défaitistes contre la guerre ont du sens et sont utiles. Mais les actions directes contre la guerre des prolétaires dans les régions russes et ukrainiennes sont encore plus significatives et utiles.

Nous devons donc être attentifs aux actions de cette nature et à leur développement de la part des prolétaires vivant dans les deux pays. Actions qui ont déjà lieu (protestations contre la guerre) et qui sont susceptibles d’avoir lieu (désertions des rangs de l’armée, fraternisation et lutte commune des prolétaires avec ou sans uniforme, etc.), menées non seulement en raison de l’agitation contre la guerre impérialiste chez les minorités communistes et anarchistes actives dans ces régions, mais menées surtout par des gens pour sauver leur vie et celle des leurs, c’est-à-dire pour leurs besoins matériels immédiats, puisque chaque jour qui passe la guerre les massacre sans pitié (les nouvelles et les images à ce sujet sont d’une horreur sanglante… et glaçante).

Comme les révolutionnaires d’autres pays, nous devons être vigilant et solidaires de telles actions lorsqu’elles se produisent, non seulement en les traduisant, en les diffusant et en les rendant visibles, mais aussi en luttant contre les bourgeoisies de « nos » pays ; c’est-à-dire en internationalisant la lutte prolétarienne contre la guerre impérialiste, car l’isolement de ces actions conduira inévitablement à leur défaite, et parce que les bourgeoisies de tous les pays prennent toujours parti pour l’un ou l’autre bloc impérialiste en guerre, non seulement par des déclarations publiques, mais aussi en envoyant des soldats de leurs pays dans ce grand abattoir, comme cela s’est produit au cours de ce siècle en Irak, en Syrie, en Haïti, etc. Dans ce cas, nous devrions également lutter contre le soutien de « nos propres » États à cette guerre, en le dénonçant, en le boycottant et en le sabotant autant que possible. C’est ce que l’internationalisme prolétarien et le défaitisme révolutionnaire de la part des anticapitalistes des autres pays impliqueraient, en pratique, dans la situation mondiale actuelle.

Et si ce n’est pas pour cette raison, ce sera pour une raison telle que l’inflation mondiale ou la hausse des prix des produits de base causée par la guerre, qui affectera immédiatement et directement les poches et les estomacs des prolétaires du monde entier. Ainsi, « s’ils mondialisent la misère, nous mondialisons la résistance » : s’ils mondialisent la faim, nous mondialisons la protestation. Seule la lutte du prolétariat international peut vaincre le génocide impérialiste international.

En bref : il s’agit d’une lutte de classe mondiale et non d’une lutte des nations ; par conséquent, dans une perspective anticapitaliste et internationaliste, contre la barbarie des guerres du capitalisme, la clé est de pratiquer la solidarité de classe partout et sur tous les fronts ou, en d’autres termes, d’auto-constituer des communautés prolétariennes de lutte dans le feu de l’action contre tous les États, marchés, patries et autres fausses communautés (nationales, ethniques, culturelles, identitaires, politiques, religieuses, etc.) du capital mondial, non pas à cause de telle ou telle idéologie de gauche ou d’ultragauche, mais par nécessité vitale concrète.

L’internationalisme prolétarien contre et au-delà des faux antagonismes de l’antifascisme et de l’anti-impérialisme. Théorie et pratique

« La démocratie et le fascisme ne s’opposent pas, mais se complètent, alternativement ou à l’unisson. […]
il s’agit de soumettre le prolétariat à l’alternative entre fascisme ou antifascisme, obstruant toute voie révolutionnaire et anticapitaliste. […]
La fonction de la social-démocratie […] est de détourner les luttes du prolétariat de leur objectif révolutionnaire et anticapitaliste, afin de les amener à la défense de la démocratie bourgeoise. Il est nécessaire de préparer l’autel de l’union sacrée [nationale] antifasciste, afin de procéder à tous les sacrifices nécessaires […]
L’antifascisme est la conséquence la plus grave du fascisme. Il remplace l’ALTERNATIVE révolutionnaire CAPITALISME/COMMUNISME pour l’option (toujours bourgeoise) DÉMOCRATIE/FASCISME. […]
Les sociaux-démocrates, les réformistes, les populistes, les nationalistes de toutes les patries et les étatistes de tous poils viendront nous implorer de renoncer à nos luttes, d’abandonner nos principes, d’oublier nos revendications, d’accepter notre défaite avant que le combat ne commence.
Et ils essaieront de se mettre à la tête de tout mouvement qui pourrait surgir, pour le détourner, le dénaturaliser et le vaincre. […]
L’alternative n’est pas le fascisme ou l’antifascisme, car les deux défendent le système capitaliste, tout en nous trompant avec une fausse confrontation.
 »
−Agustín Guillamón (décembre 2018). Fascisme et antifascisme

Une autre implication de l’internationalisme prolétarien dans la pratique, c’est de ne pas s’empêtrer dans le faux antagonisme « démocratie contre fascisme » qui, par ailleurs, fait partie du faux antagonisme « Russie antifasciste contre impérialisme américain », et qui est propre à la bourgeoisie progressiste et à la social-démocratie historique, c’est-à-dire propre à la gauche du Capital. Faux antagonisme que le belliciste capitaliste-impérialiste Poutine manipule d’ailleurs discursivement et que les staliniens et même certains « anarchistes » prorusses utilisent pour s’en prendre au « nazi-fascisme ukrainien » et à « l’impérialisme yankee », des « républiques populaires » de Donetsk et de Lougansk (Donbass) aux organisations marxistes-léninistes et antifascistes du Chili et de l’Équateur.

Mais ce n’est pas le seul bloc de puissance international à le faire. Comme dans ce mème de divers Spidermen s’accusant mutuellement, la presse bourgeoise américaine et ses acolytes internationaux ainsi que les séparatistes-populistes du Donbass se montrent du doigt les uns les autres, de concert, et certains « anarchistes » ukrainiens, en bons démocrates qu’ils sont, accusent également le régime de Poutine d’être « fasciste », l’associant à Hitler et le traitant même de « Poutler ».

En bref, aussi bien l’un que l’autre bloc capitaliste-impérialiste actuellement en guerre se targuent d’être « le sauveur de la démocratie » et accusent leur adversaire d’être « un monstre fasciste ». Ils justifient ainsi leur bellicisme et s’enthousiasment de la répétition des temps « glorieux » de la Seconde Guerre mondiale. Suffisamment pour se rendre compte que « démocratie contre fascisme » est un faux antagonisme ou plutôt une guerre inter-bourgeoise et inter-impérialiste où les prolétaires ne sont que de la chair à canon.

Pourquoi s’agit-il – et il en a toujours été ainsi – d’un faux antagonisme ? Parce que le fascisme et la démocratie sont les deux faces d’une même pièce : le capitalisme. D’une part, en tant que système socio-politique fondé sur la liberté marchande et l’égalité entre propriétaires-citoyens, la démocratie n’est et ne peut être que capitaliste (dire « démocratie ouvrière, socialiste, directe, etc. », c’est comme dire mamie vierge ou café décaféiné), la société capitaliste est la société marchande généralisée et, donc, démocratique. De plus, en démocratie, l’État bourgeois persécute, réprime, emprisonne, torture et assassine les prolétaires rebelles. D’autre part, le fascisme est aussi et ne peut être que capitaliste, parce qu’il est la forme historico-politique la plus autoritaire, la plus brutale et la plus impitoyable de la défense de l’État-Capital ou lorsque la dictature de classe de la bourgeoisie enlève simplement son masque et se montre pour ce qu’elle est vraiment.

Historiquement, lorsque la bourgeoisie a cessé d’utiliser la démocratie pour combattre l’avancée de la lutte du prolétariat, elle a eu recours au fascisme… et vice versa. Logiquement, bien qu’ils ne soient pas identiques dans la forme et l’intensité de la violence exercée par l’État des riches et des puissants sur les exploités et les opprimés, ils sont identiques dans leur essence ou, pour utiliser une expression imagée, la démocratie et le fascisme sont deux tentacules de la même pieuvre : la dictature sociale du Capital sur l’humanité prolétarisée dans le monde entier. Par conséquent, comme la gauche et la droite, la démocratie et le fascisme ne sont pas opposés, ils sont complémentaires.

Il convient également de mentionner que le fascisme n’a existé en tant que régime politique spécifique, financé par le capital industriel et bancaire, qu’au cours de la première moitié du 20e siècle en Europe ; alors qu’aujourd’hui, bien qu’il survive au niveau international en tant que courant d’extrême droite du Capital, le terme est utilisé à la légère et même comme un fétiche politique par les gauchistes du monde entier, notamment par les antifascistes. Ce qui le banalise, mais c’est loin d’être innocent : la gauche du Capital s’oppose au fascisme et non à la démocratie parce qu’elle défend cette dernière, elle est démocrate ; ou mieux encore parce qu’elle est social-démocrate ou réformiste, même si elle se dit « marxiste » (divers léninistes) ou « anarchiste » (anarchistes libéraux).

Au contraire, nous, communistes et anarchistes révolutionnaires, avons toujours dénoncé et combattu la dictature de la bourgeoisie appelée démocratie (être anticapitaliste implique donc d’être anti-démocratique), ainsi que son autre visage qu’est le fascisme. Il est toujours clair que l’ennemi est le capitalisme sous toutes ses formes ou variantes, et non le fascisme. Nous combattons sans compromis les fascistes et les démocrates parce que tous deux sont des capitalistes. C’est la raison pour laquelle seuls les sociaux-démocrates de tout poil nous gueulent dessus en nous accusant de « faire le jeu du fascisme » ou nous calomnient ouvertement, nous les communistes et les anarchistes radicaux, en nous qualifiant de « fascistes ». Et pour cette raison même, ce sont de faux critiques du capitalisme, qui doivent également être dénoncés et combattus comme tels.

Il en va de même pour l’anti-impérialisme, qui ne s’oppose généralement qu’à l’impérialisme américain – son fétiche politique – mais pas à l’impérialisme d’autres puissances comme la Russie ou la Chine, auxquelles il finit par se subordonner, sous prétexte qu’elles sont « socialistes », ce qui est totalement faux car elles étaient et sont capitalistes. Un autre faux antagonisme. Le fait est que l’anti-impérialisme en tant que tel ne se bat que contre l’impérialisme américain, pour la « libération nationale » et l’« autodétermination des peuples opprimés » du « tiers monde » ; c’est-à-dire qu’il se bat pour un nouvel État-nation capitaliste avec un masque « socialiste », afin d’exploiter et de dominer le prolétariat « dans de meilleures conditions » chez lui et de rivaliser « dans de meilleures conditions » avec d’autres États-nations également capitalistes. Pour cette raison, l’anti-impérialisme et le libérationnisme national ne sont pas seulement réformistes, mais contre-révolutionnaires.

Au contraire, nous, communistes révolutionnaires et anarchistes, comprenons que l’impérialisme n’est pas le « stade suprême du capitalisme », mais l’une de ses caractéristiques inhérentes et permanentes en tant que système historique mondial ; que chaque État-nation est impérialiste, mais qu’il existe des hiérarchies ou différents niveaux de pouvoir impérialiste parmi les États ; que la guerre impérialiste est une compétition guerrière entre des États capitalistes ayant des niveaux plus élevés de puissance impérialiste et, surtout, une guerre de la bourgeoisie internationale contre le prolétariat international ; que l’ennemi n’est pas l’impérialisme, mais le capitalisme mondial ; et que la position des communistes révolutionnaires et des anarchistes face à toute guerre impérialiste n’est pas l’anti-impérialisme et la « libération nationale », mais le défaitisme révolutionnaire, l’internationalisme prolétarien et la révolution sociale mondiale.

Par conséquent, la lutte « contre le fascisme » et « pour la démocratie » de l’une ou l’autre des puissances ou blocs impérialistes en compétition guerrière, ainsi que la lutte pour la « libération nationale » et « l’autodétermination des peuples opprimés », ce n’est pas seulement une lutte pour « le moindre mal », mais c’est en réalité une lutte pour les intérêts matériels d’une bourgeoisie nationale ou régionale contre une autre (accumulation de plus de territoire, de ressources naturelles et de travailleurs à exploiter afin d’accumuler plus de capital et de pouvoir mondial) ; et, surtout, c’est une lutte contre le prolétariat qui n’a pas de patrie, oui, parce que nous, prolétaires, n’avons pas de patrie : quel que soit l’État-nation qui gagne cette guerre, que ce soit par des moyens militaires ou diplomatiques, les prolétaires des deux pays continueront d’être opprimés et exploités s’ils ne font pas la révolution sociale internationale.

En bref : la guerre « démocratie contre fascisme » est – et a toujours été – une pièce maîtresse de la guerre impérialiste et donc une guerre inter-bourgeoise qui utilise les prolétaires combattifs comme chair à canon, afin de préserver et de développer les rapports sociaux capitalistes dans le monde entier, même sous une étiquette non capitaliste ou « socialiste ». C’est ce qui s’est passé pendant la « guerre civile espagnole » et c’est ce qui se passe actuellement dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine : une fois de plus dans l’histoire, l’antifascisme démontre sa nature social-démocrate, nationaliste, militariste et contre-révolutionnaire.

Bien au contraire, alors qu’à long terme et en fin de compte, l’internationalisme prolétarien signifie lutter pour la révolution communiste mondiale, dans des circonstances défavorables comme celle d’aujourd’hui, l’internationalisme prolétarien signifie lutter de manière autonome ou directe, c’est-à-dire sans intermédiaires ni représentants, pour défendre les intérêts matériels de notre classe (sauver la vie, la nourriture, le logement ou au moins l’abri, la santé – physique et mentale –, l’éducation, la paix réelle, la liberté réelle) contre et au-delà de tout intérêt national-étatique, aussi démocratique et antifasciste qu’il puisse se prétendre, comme le sont dans ce cas précis les « Républiques populaires » de Lougansk et de Donetsk.

« Républiques populaires » qui, en réalité, sont parrainées et annexées par le capitalisme-impérialisme russe par le biais de bandes séparatistes armées, auxquelles participent comme compagnons d’armes des groupes d’ultra-droite ou nazis, eurasiatiques et nationaux-bolcheviques jusqu’à (et c’est pitoyable) des combattants prolétaires à l’idéologie antifasciste. Nous disons pitoyable parce que, même si ces frères de classe croient et disent le contraire, en réalité ils finissent comme chair à canon dans cette guerre inter-bourgeoise et inter-impérialiste. (Le même film avec d’autres acteurs se passe au Kurdistan, parce que cela fait aussi partie des toiles d’araignée impérialistes du capitalisme mondial-historique d’aujourd’hui, sous la mystification de l’antifascisme démocratique et anti-impérialiste).

C’est aussi une « guerre hybride », c’est-à-dire une guerre qui utilise des armées régulières étatiques et des armées irrégulières non étatiques – comme ces milices polyclassistes et populistes auxquelles participent les antifascistes – ainsi que des pressions économiques (sanctions, spéculation financière, etc.) et des attaques informatiques, médiatiques et psychologiques, non seulement contre l’autre État, mais aussi contre la population civile non armée.

Le comble de cette maladie militariste est de dire que le meurtre de civils non armés est un « dommage collatéral » ou un « sacrifice nécessaire » de « la guerre du peuple contre le fascisme et l’impérialisme ». C’est ce qui est ânonné, non seulement par les militaires des deux armées, mais aussi par certains miliciens antifascistes, et pas seulement en ce moment, mais depuis l’époque de l’URSS et de la 2ème guerre mondiale. Une constante néfaste du nationalisme et du militarisme capitalistes, qu’il soit de droite ou de gauche.

En guise de conclusion. Quelques clarifications révolutionnaires contre et au-delà du confusionnisme gauchiste face à la guerre

Il convient donc de se rappeler pourquoi la Russie envahit-elle l’Ukraine ? Pour s’emparer de sa position géopolitiquement stratégique, de ses ressources naturelles, de ses infrastructures industrielles et commerciales et de sa force de travail collective. Pour étendre son marché et son pouvoir en tant que puissance impérialiste décadente sur le plan du capitalisme mondial, avec les États-Unis/OTAN comme principal adversaire et la Chine comme principal allié. (Oui, la Russie est capitaliste et impérialiste… depuis l’époque de l’URSS jusqu’à aujourd’hui) Pour relancer son économie en crise ou pour compenser la baisse de son taux de profit par l’industrie de guerre, en exploitant les travailleurs ou en leur soutirant de la plus-value sur le front de la production et en disposant de manière meurtrière des prolétaires excédentaires sur le front militaire. En fait, la répartition du monde pendant une guerre impérialiste est fondamentalement la répartition de la plus-value mondiale entre les bourgeoisies nationales et régionales – dans ce cas, eurasiatique et occidentale – par l’exploitation et le massacre de la classe ouvrière mondiale. (Bien que, d’autre part, chaque guerre soit très coûteuse et ne puisse être maintenue longtemps.) Et, surtout, pour empêcher de nouvelles révoltes et insurrections des exploités et des opprimés dans les territoires qu’elle domine : avec l’administration étatique répressive de la crise sanitaire, cette guerre est une pièce maîtresse de la contre-révolution préventive en cours, surtout après la révolte mondiale de 2019. En bref : il n’y a pas de capitalisme sans impérialisme, sans crise et sans guerre ; et toute guerre impérialiste est toujours une guerre contre le prolétariat.

Pour sa part, l’État ukrainien n’est pas « meilleur », « moins mauvais », plus ou moins « fasciste » ou démocratique que l’État russe, puisqu’il ne diffère pas qualitativement mais seulement quantitativement de ce dernier, étant plus petit et avec moins de puissance impérialiste, mais tout aussi bourgeois et anti-prolétaire ; et puisque les mercenaires « nazis-fascistes », financés et armés à la fois par le régime de Poutine et par l’OTAN, se trouvent des deux côtés de la frontière russo-ukrainienne. Il en va de même pour les « républiques populaires » ou les mini-États bourgeois émergents de Donetsk et de Lougansk.

L’État bourgeois russe et l’État bourgeois ukrainien exploitent et massacrent brutalement les prolétaires des deux territoires sous leur domination comme s’ils étaient du bétail qu’ils conduisent maintenant à l’abattoir de la guerre, afin d’imposer « la paix des cimetières ». Par conséquent, défendre l’un ou l’autre État dans la compétition guerrière, même sous les bannières de l’anti-impérialisme et de l’antifascisme, revient à défendre nos bourreaux de classe. Dans la guerre, les prolétaires n’ont rien à gagner : au contraire, ils mourront par milliers et leur sang ne fera que nourrir le capital mondial. « L’ennemi principal est dans notre propre pays », c’est un ennemi de classe, et cette réalité est commune à toutes les nations de la planète, car le capitalisme est un système mondial et un rapport social impersonnel qui aliène, exploite, opprime et assassine les prolétaires partout, jour après jour.

Donc, une fois de plus : ni la Russie ni l’Ukraine/OTAN : internationalisme prolétarien et défaitisme révolutionnaire contre la guerre impérialiste. Ni fascisme, ni démocratie : autonomie prolétarienne contre tout type d’État capitaliste. Pour mettre fin à la guerre, il est nécessaire de mettre fin au capitalisme et à la société de classe, en faisant la révolution communiste mondiale, et non la « guerre antifasciste et anti-impérialiste ». Contre toutes les fausses communautés du capital mondial, développons les communautés de lutte, le soutien mutuel et la solidarité de classe partout. Bien qu’elles puissent sembler abstraites et lointaines, pour toutes les raisons qui précèdent, il s’agit de clarifications révolutionnaires concrètes et immédiates dans la conjoncture mondiale actuelle, car les guerres simplifient et clarifient en fait les antagonismes sociaux réels. « Lutte de classe prolétarienne internationale contre la tuerie impérialiste internationale, tel est le commandement de l’heure. »

Le confusionnisme qui règne actuellement à gauche face à la guerre en Ukraine est une conséquence, parmi d’autres raisons, du manque de ces clarifications, non seulement par manque de formation en théorie révolutionnaire ou comme conséquence d’une déformation idéologique de la gauche (léniniste, antifasciste, anarchiste-libérale et/ou postmoderne), mais surtout par manque d’expérience de lutte dans des situations de guerre et de révolution ou, à défaut, de révolte. Et cela est dû, par ailleurs, au fait que les conditions matérielles du développement capitaliste et de la lutte des classes n’ont pas encore permis à ces organisations et à ces individus de gauche de se trouver dans une situation véritable et riche en enseignements. En bref, le confusionnisme gauchiste face à cette guerre est une conséquence et un symptôme de la période historique contre-révolutionnaire actuelle.

Le fait est que c’est dans de telles conjonctures ou situations limites que l’abstrait redevient concret et que les positions de classe sont clarifiées dans les faits ; et dans cette société capitaliste, il n’y a et il ne peut y avoir que deux positions de classe : du côté de la bourgeoisie internationale ou du côté du prolétariat international, du côté du capitalisme ou du côté du communisme et de l’anarchie, du côté de la contre-révolution ou du côté de la révolution. Il n’y a et ne peut y avoir de demi-mesures ou de relativisme à cet égard. Par conséquent, tout comme le pacifisme citoyen finit par être complice du bellicisme capitaliste, le négationnisme postmoderne de la lutte des classes finit par être complice de la domination de la classe bourgeoise et, à ce stade, de la guerre impérialiste. Il en va de même pour l’anti-impérialisme (russe et américain) et l’antifascisme (ukrainien et russe).

Le problème est que, au sein de ce confusionnisme gauchiste, le faux antagonisme « démocratie contre fascisme », qui par ailleurs fait partie du faux antagonisme « Russie antifasciste contre impérialisme américain », fonctionne effectivement comme un chantage idéologico-politique et émotionnel (« si tu soutiens l’Ukraine, facho », « si tu soutiens la Russie, facho », « si tu es contre les deux, puriste intellectuel… », etc.) pour de nombreux prolétaires partout dans le monde qui s’opposent à la guerre impérialiste par bon sens ou par instinct de classe, mais sans positions révolutionnaires claires et fermes telles que l’internationalisme prolétarien et le défaitisme révolutionnaire. Ces frères et sœurs de classe finissent donc par répéter de manière non critique ce que dit l’opinion publique ou, dans le pire des cas, par servir de chair à canon sur les champs de bataille. Autre conséquence et symptôme de la période historique contre-révolutionnaire actuelle.

Enfin, la guerre entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN n’est pas la troisième guerre mondiale en tant que telle, mais on peut dire qu’elle en est le prélude, ou, comme le dit la presse bourgeoise allemande, « le début d’une nouvelle et dangereuse époque de la politique mondiale » dans laquelle « les Européens doivent riposter s’ils veulent y survivre » : n’oublions pas, entre autres, que l’Allemagne, la France et l’Italie achètent du combustible à la Russie, et que le combustible est le nerf de l’économie. De leur côté, les États-Unis et la Chine, les deux superpuissances mondiales, observent, expriment leurs opinions et font pression depuis la fenêtre, de sorte que lorsque leur tour viendra de sortir de là, ils seront les protagonistes d’une nouvelle confrontation militaire plus importante. En outre, ce n’est pas la seule région de la planète qui est en guerre : il en va de même pour la Syrie, la Palestine, le Yémen, le Mozambique, le Cameroun. Pays dans lesquels les États-Unis et l’OTAN sont connus pour leur ingérence, mais l’opinion publique n’en parle pas ou peu. Et, surtout, n’oublions pas que les États-Unis sont confrontés à une forte lutte de classe interne ou à une guerre sociale chez eux depuis quelques années. Tout comme la Chine.

Le fait est qu’il n’y a pas de capitalisme sans guerre, encore plus en temps de crise, ce qui met une fois de plus en évidence la nature violente et catastrophique de ce système. Et que, dans le contexte de la crise capitaliste actuelle, une troisième guerre mondiale est possible. Ce qui, soit dit en passant, ne serait pas une guerre de type classique, mais un nouveau type de guerre : « hybride », fragmentée, échelonnée et, pire que tout, nucléaire et dévastatrice. À cela s’ajoute la crise écologique mondiale actuelle. Ce qui met notre espèce en grave danger d’extinction.

Pour des raisons aussi impérieuses, les consignes de transformation de la guerre impérialiste en guerre de classe et de communisme ou extinction ne sont plus abstraites, mais concrètes et urgentes pour défendre et régénérer la vie de l’humanité prolétarisée habitant la planète Terre.

Disons aussi et surtout que, en raison du rapport de force défavorable pour notre classe en ce moment ou en raison de sa défaite après la révolte mondiale de 2019 jusqu’à ce jour, les positions de l’internationalisme prolétarien et du défaitisme révolutionnaire ne peuvent actuellement pas être offensives, c’est-à-dire susceptibles d’être présentées comme une véritable alternative et de mener à bien la révolution prolétarienne mondiale, mais elles peuvent être défensives. Défensives de quoi ? Pas de principes abstraits, mais de la vie en chair et en os de centaines de milliers de prolétaires dans ces régions en guerre. Des vies à défendre par ces mêmes prolétaires, sans intermédiaires ni représentants d’aucune sorte.

Cependant, l’histoire contemporaine de la lutte des classes montre que la guerre impérialiste peut être un déclencheur de la révolution prolétarienne mondiale, et que celle-ci est la seule force capable de vaincre la guerre. Les coups de fouet de la contre-révolution peuvent inciter les chevaux de la révolution à se lever et à avancer…

Le capitalisme produit son propre fossoyeur, parce que la plupart des gens ne veulent pas mourir comme du bétail dans l’abattoir de la guerre et parce que, tôt ou tard, là où il y a exploitation, il y a conflit et là où il y a misère, il y a rébellion, là et partout.

Il s’agit manifestement d’un processus et non d’un événement. Un processus de développement inégal, contradictoire, conflictuel et incertain. Seul le devenir de la véritable lutte des classes, là où « ça barde » partout dans le monde, a le dernier mot. La nature même de la guerre fait qu’il est impossible qu’elle se maintienne longtemps avant que le mécontentement social et la révolte ne commencent à bouillonner dans les pays en conflit. Et la globalisation de l’inflation et de la faim produite par la guerre globalisera également la protestation sociale contre elle.

Quoi qu’il arrive, nous devons être vigilants et préparés en tant que prolétaires révolutionnaires de tous les pays pour faire face à ce contexte de catastrophe généralisée et de décomposition accélérée du capitalisme que nous vivons au XXIe siècle. De même, la lutte des classes est et sera responsable de réaliser cette préparation révolutionnaire, où nos meilleures armes, comme toujours, sont et seront le soutien mutuel et la solidarité de classe : en un mot, la communauté réelle. Bien que, de manière crûment réaliste, il y ait encore d’autres guerres, catastrophes, révoltes et insurrections à venir.

En gardant toujours à l’esprit que, dans une situation de guerre comme celle que nous vivons actuellement, la véritable lutte est une lutte de classes et non de nations, il s’agit donc de lutter de manière autonome pour défendre nos intérêts matériels de classe contre et au-delà de tout intérêt national. Tant pour l’offensive que pour la résistance prolétarienne, la clé est de s’auto-constituer en communautés de lutte dans le feu de la lutte contre tous les États, marchés, patries et autres fausses communautés du capital mondial. En dernière analyse, pour mettre fin à la guerre, il faut mettre fin au capitalisme et à la société de classe en faisant la révolution sociale mondiale, et non pas « la guerre populaire contre le fascisme et l’impérialisme, pour la libération nationale et l’autodétermination des peuples », puisqu’il s’agit juste d’une autre guerre inter-bourgeoise et inter-impérialiste. La révolution sociale ne consiste pas à « prendre les armes et tuer tous les bourgeois, les flics et les fascistes », mais réside dans un processus de communisation de la vie qui consiste à détruire et à dépasser les rapports sociaux capitalistes (propriété privée, marchandise, valeur, travail salarié, division du travail, classes sociales, États, marchés, nations, « races », genres…), complètement et à la racine, en les remplaçant par des rapports de solidarité et de liberté réels entre les individus partout dans le monde… oui, partout dans le monde, car la révolution communiste et anarchique sera mondiale ou ne sera pas.

Des prolétaires internationalistes de la région équatorienne

Quito, 6 mars 2022

Traduction française : Los Amigos de la Guerra de Clases

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