France 2023 : « Réforme des retraites » !? ou Critique du travail !? (fr, en, el)

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Dernière mise à jour: 24/06/2023

  • [La Mouette Enragée] A l’heure des bilans
  • [A$AP Révolution] 100 jours de guerre de classe
  • [Mirasol] Soulèvement
  • [lundimatin] La Macronie, bientôt finie ?
  • [A$AP Révolution] ‘foiré c’est la guerre !
  • [Assemblée Action Autonome] Faire mouvement
  • [La Mouette Enragée] Passons à l’action tous ensemble et dès maintenant !
  • [La Mouette Enragée] Ce sera lui ou… Nous !
  • [A$AP Révolution] Tout est trop cher ! On a raison de faire grève!
  • [Anonyme] Pour une grève générale illimitée et expropriatrice
  • [GCI-ICG] France, automne 2010 : Le blocage de l’économie comme une évidence

[La Mouette Enragée] A l’heure des bilans

Source : https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2023/06/04/3370/

Comme un certain nombre d’entre-vous, nous perdons aujourd’hui notre treizième journée de salaire. Parmi nous, certains ont perdu davantage ; d’autres encore y ont laissé une main, un œil et on ne dénombre plus les arrestations, placements en garde à vue, humiliations, sévices, amendes, peines de prison distribuées dans les coulisses de l’Etat par de serviles petites mains… Tout cela, pour un dénouement que l’on savait couru à l’avance. Nous pouvons sans risque en conclure qu’au mieux nous avons gâché notre temps, et qu’en définitive, il ne nous reste qu’à graver une encoche supplémentaire au manche de nos défaites.

La faute de l’intersyndicale ?

Nous l’avons rabâché à maintes reprises, en soi, l’intersyndicale nationale n’a aucune réalité concrète. Depuis le 19 janvier, les directions parisiennes en rang serré derrière la CFDT dictent à leurs épigones locaux le calendrier à tenir et leur délivrent la marche à suivre ; à la grande satisfaction des chaînes d’infos et des professionnels de la politique louant dans une unanimité qui dit le tout, « leur grande responsabilité ». A son heure et au prix d’une répression féroce, le mouvement des Gilets Jaunes avait pourtant fait la démonstration qu’on ne gagne rien en s’enchaînant aux catégories de la sujétion bourgeoise : « partenariat et dialogue social ; compromis ; négociation ». Et sur ce registre, il est inutile d’incriminer le doux Berger ; l’ensemble des bureaucraties syndicales confondues ne souhaitent ni ne savent désormais dépasser cet horizon caduc. Les causes en sont d’ailleurs plus profondes que la commode « trahison des directions » remâchée ad nauseam par les prétendants au titre, quels qu’ils soient. Mais c’est là, un autre débat…

Petits enseignements de la période…

Aliénés à une comptabilité nourrie d’artéfact médiatique, les représentants officiels de la mobilisation ont cru pouvoir opposer la loi du nombre à un quarteron de ministres et de députés retranchés derrière la légalité des institutions démocratiques. Or, au petit jeu du mieux fondé à imposer sa légitimité, l’Etat de droit signifia d’emblée à ceux qui feignaient encore de l’ignorer, qu’en la circonstance, comme en toute autre, L’Etat a… tous les droits ! Que ce soit à coups de grenades ou de 49.3 ; les deux si nécessaire. En conséquence de quoi, circonscrire le champ du rapport de force à l’illusoire « Bataille de l’opinion » revenait à partir en randonnée chaussé d’escarpins… S’en tenir à brandir « la démocratie sociale » à la face de la « représentation nationale », même à plusieurs millions dans les rues, accusait l’ampleur du malentendu. Voici quelques temps déjà que la bourgeoisie ne s’embarrasse plus de tels faux-semblants. Empêtrée dans ses propres contradictions mais assurée de sa position de force acquise après des décennies de défaites ouvrières ininterrompues, la bourgeoisie ricane désormais au nez et à la barbe de ceux qui lui tiennent son propre langage. Ne vient-elle pas d’interdire une fois encore l’accès de la zone industrielle de Capécure à une inoffensive déambulation syndicale ? Et, à l’adresse des moins ingénus, elle assume désormais de leur en tenir un autre, celui des armes ; comme ce fut le cas, il y a quelques mois à Sainte-Soline.

Prendre l’initiative à la base…

S’il est manifeste que l’intersyndicale ne fut qu’un attendu sans horizon, nous nous réjouissons des multiples initiatives porteuses de son dépassement qui, à la base, ont spontanément fleuri, ici et là. Incontestablement, elles sont restées isolées, dans tous les cas peu discutées ou débattues dans la perspective de leur élargissement. Du sabotage de la gare de l’Est, le 24 janvier, aux « grèves sauvages » des cheminots de Chatillon ou des contrôleurs aériens d’Orly en passant par le mouvement reconductible des éboueurs et des raffineurs, sans oublier les multiples actions ciblées des électriciens et les explosions de colère au cœur des villes après l’application du 49.3 ou lors du 1° Mai dans les rues de Paris et d’ailleurs… un fourmillement d’initiatives a permis de faire monter d’un cran le niveau de la contestation. Même ici, à Boulogne-sur-mer, deux belles nuits à Capécure ont témoigné de la détermination d’une fraction de la classe ouvrière locale. Certains ont cru un peu hâtivement qu’on était parvenu à un point de bascule, en réalité on en était encore loin.

La spontanéité et la détermination, ça se travaille !

Après quatre mois de mobilisation, on entend maintenant dire que treize jours de grèves en continu nous auraient donné plus de force que des dates éparpillées aux quatre vents, comme ce fut le cas jusqu’à aujourd’hui. C’est vrai ! Cela nous aurait sans doute permis de construire la grève à la base et de chercher à l’élargir auprès des travailleurs des secteurs qui sont restés en dehors du mouvement. Mais restons lucides, cela n’aurait pas suffi davantage.

La grève reconduite pendant deux mois par les ouvrières de l’enseigne Vert Baudet nous montre à quel niveau de détermination il s’agit désormais d’élever le rapport de force pour emporter la victoire. La solidarité manifestée entre les ouvrières entre-elles, mais aussi celle exprimée à leur égard depuis l’extérieur de l’entreprise, ont été des facteurs déterminants dans l’issue de cette lutte. Toutes smicardes, elles ont infligé un sérieux démenti aux discours complaisants tenus aussi bien par les syndicats que par nombre de travailleurs eux-mêmes, pour trop souvent justifier de leur inaction ! Et de la détermination, comme de la solidarité, il en fallait pour résister aux méthodes de barbouzes du patron et aux violences de l’Etat et de ses flicards !

Cette victoire prouve, puisqu’il semble encore utile de le rappeler que, seul un coup d’arrêt porté dans le temps à la production des marchandises, des services et donc des profits par la grève est en mesure de faire plier les capitalistes et leur Etat. Dans le dernier épisode de la guerre sociale en cours, c’est d’un tel élan à la base dont nous avons manqué. Il s’agira de s’en rappeler et d’en tirer tous les enseignements pour les prochains rendez-vous qui nous attendent.

A bientôt…

Boulogne-sur-mer, le 04/06/2023 

tract 6 juin 2023

[A$AP Révolution] 100 jours de guerre de classe

Source : https://asaprevolution.net/index.php/2023/04/25/100-jours-de-guerre-de-classe-permanence-28-avril/

Des grèves massives suivies même dans les boîtes privées, une multiplication des assemblées d’organisation, des manifestations gigantesques (jusqu’à 40 000 personnes à Rennes) posent un refus massif d’une énième réforme dont l’objectif n’est autre que de nous faire bosser plus avec des salaires insultants.

A Rennes, et dans d’autres villes, dès mars, le mouvement commence à être plus offensif dans la rue.

Des manifs sauvages incontrôlables à plusieurs milliers, des blocages à des centaines de déters toutes les semaines quiparalysent les artères de la ville, un blocage de 3 semaines de ramassage des poubelles qui inonde la ville d’ordures, des pillages de magasins et auto-réductions, l’ouverture de bâtiments suivie d’émeutes dans le centre-ville avec comme point de ralliement la place Sainte Anne et la casse systématique et la fermeture des commerces.

Un commissariat, un centre des congrès (le couvent des Jacobins) et une mairie ont pris feu dans des moments de rage et de liesse collective. Chaque jour en allant bosser ou en traversant Rennes on découvre une ville destroy et transfigurée par le mouvement, qui sent le plastique cramé et qui pue un peu moins la bourgeoisie.

Une ambiance de folie, la rencontre de plein de gens habités par un commun de révolte, une rupture dans la quotidienneté qui a traversé toute la ville et au-delà de manière inédite.

Le passage en force du 49.3 marque un moment d’intensification et de contamination du mouvement partout en France. En réponse à cet élan combatif, l’Etat renforce son appareil répressif pour casser les grèves dans les secteurs dits stratégiques, blesser et arrêter de plus en plus de gens, déloger les blocages et empêcher les assemblées.

Le week-end du 25 mars, un rendez-vous national est donné à Sainte Soline contre l’accaparement de l’eau par les plus gros agriculteurs. La police massacre les manifestants. Beaucoup en sortent mutilés et un camarade est toujours proche de la mort. Quelques jours plus tard, les « soulèvements de la terre » – après avoir pris la direction de la manifestation envoyée à la défaite militaire – mettent en scène leur alliance avec toute la gauche du capital sous couvert d’union contre la répression.

Dans le même temps et sur des logiques peu éloignées, les directions syndicales lâchent les dernières grèves reconductibles et offensives qu’elles ont soutenues et se remettent en piste pour les différentes échéances électorales.

Les prolos en lutte, syndiqués de base, autonomes, se retrouvent mis de côté par leurs directions syndicales et politiques qui, après les avoir envoyés au charbon utilisent le mouvement pour se tailler une place dans la bourgeoisie. Mais le risque pour eux, et c’est déjà une séquence largement ouverte depuis les gilets jaunes qui continue d’une certaine façon aujourd’hui, c’est que la base en lutte s’auto-organise à la fois hors et contre les directions bourgeoises.

A présent, même si la réforme est passée, même si les cortèges faiblissent et les quelques grèves qui ont pu émerger s’arrêtent, les manifestations sauvages continuent. Car une partie des gens en lutte refusent un retour à la « normale ». Une volonté émerge, celle de renouveler un mouvement qui s’essouffle.

Aux travailleurs en lutte en conflit à la fois avec le patronat et les directions syndicales, à tous les communistes, conscients que le communisme n’a encore jamais existé, aux anarchistes sortis de l’opportunisme du spectacle, ainsi que tous celles et ceux qui verront un intérêt dans les émergences des formes d’organisations de classe en rupture avec les directions bourgeoises.

Notre but ici n’est pas d’enterrer le mouvement parti du refus de la réforme retraite, mais par la critique radicale, d’en comprendre ses forces et ses limites.

Si la grève a été un échec et que même les secteurs dit stratégiques n’ont pas réussi à tenir de reconductible ; si les blocages d’entreprises, les occupations, les sabotages ont été extrêmement rares et isolés ; questionner la stratégie syndicale est nécessaire mais pas suffisant, il faut se demander comment se structurent les entreprises, comment s’agence la production sur les territoires, pour pouvoir lutter et s’organiser dans nos tafs.

Si la manif et le blocage de flux ont été une nouvelle fois la centralité de l’organisation prolétarienne, on peut clairement s’interroger sur pourquoi le mouvement a échoué à bloquer la production nationalement et pourquoi les manifestations n’ont pas réussi à prendre les lieux de production, les lieux de pouvoir, des bâtiments, des logements, des médias…

Pour avancer nous avons besoin de faire des bilans dans tous les espaces de lutte, se questionner sur ce qu’on a réussi et les murs auxquels on fait face, car dans la lutte des classes, il y a des moments d’intensification qui nécessitent ensuite qu’on repose les questions stratégiques pour gagner.

Notre but ici n’est pas d’enterrer le mouvement parti du refus de la réforme retraite, mais par la critique radicale, d’en comprendre ses forces et ses limites.

En soit prendre du recul.

Nous proposons donc aux camarades de se réunir le vendredi 28 avril 2023 pour débattre et s’organiser en esquissant collectivement un début de bilan et en ouvrant des perspectives de structuration au long cours.

Maintenant, on fait quoi ?

[Mirasol] Soulèvement

Source : https://camaraderevolution.org/index.php/2023/03/22/soulevement-2/

Vous trouverez ci-dessous une brochure qui compile des extraits du livre Soulèvement, ainsi que la version intégrale du livre en PDF.

Voici aussi l’introduction de la brochure

Cette brochure compile une série d’extraits du livre « Soulèvement » sorti à l’automne 2020. Le choix d’en compiler une partie dans une brochure est la conséquence d’un pari : celui que du dépassement de l’actuel mouvement contre la réforme des retraites dans autre chose, celui que cette brochure apporte quelques éléments utiles de discussion au sein du mouvement. Vous trouverez aussi le livre entier en libre téléchargement sur internet. Peut-être fera-t-il l’objet d’une réactualisation prochaine ? Nous verrons.

La brochure est structurée en parties, qui visent à répondre à des questions pratiques et stratégiques. Nous commencerons avec un extrait de la première partie, qui revient sur les limites & dynamiques du mouvement GJ. Car depuis les bientôt 5 ans qui nous séparent du début de ce mouvement, la question du bilan de ce mouvement est sur toutes les lèvres et toutes les réflexions, y compris les plus sombres : on a essayé et on a perdu entend-on d’un côté, tandis que d’autres tirent le bilan que c’est bien par peur du mouvement que l’Etat a été obligé de lâcher quelques miettes.

Une chose est sûre, ce mouvement constituait le point culminant de la séquence de lutte ouverte en France. Jusqu’à maintenant ?

La brochure en PDF : https://camaraderevolution.org/wp-content/uploads/2023/03/slvmt-broch.pdf

Le livre en PDF : https://camaraderevolution.org/wp-content/uploads/2023/03/SLVMT.pdf

[lundimatin] La Macronie, bientôt finie ?

Le mouvement contre la réforme des retraites au seuil du soulèvement
[Bilan d’étape]

Source : https://lundi.am/La-macronie-bientot-finie

L’annonce, jeudi 16 mars, de l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour imposer sa réforme des retraites a propulsé le mouvement de contestation dans une nouvelle dimension. Malgré une répression féroce, un drôle de mélange de colère et de joie se propage sur tout le territoire : manifestations sauvages, blocages surprises d’axes routiers, envahissement de centres commerciaux ou de voies ferrées, jets d’ordures sur les permanences de députés, feux de poubelles nocturnes, coupures ciblées d’électricité, etc. La situation est désormais ingérable et le président n’a plus d’autre corde à son arc que de promettre qu’il tiendra coûte que coûte et de sombrer dans une fuite en avant de violence. Les jours qui viennent seront donc décisifs : soit le mouvement se fatigue, mais tout indique le contraire, soit le quinquennat Macron s’effondre. Ce texte propose de faire un bilan d’étape et d’analyser les forces en présence ainsi que leurs stratégies et objectifs à court et moyen termes.

Seul contre tous

Si l’on considère les deux forces officiellement en présence, la situation à cela de particulier qu’aucune ne peut officiellement se permettre de perdre. D’un côté, nous avons le « mouvement social » dont on pense régulièrement qu’il a disparu mais qui revient toujours faute de mieux. Les plus optimistes voient en lui le prélude nécessaire à la construction d’un rapport de force qui peut mener jusqu’au soulèvement voire à la révolution. Les plus pessimistes considèrent au contraire qu’il est a priori compromis, que la canalisation et la ritualisation du mécontentement populaire participe de la bonne gestion de l’ordre des choses et donc de son maintien, de son renforcement.

Quoi qu’il en soit, sur le papier, ce « mouvement social » a tout pour gagner : les syndicats sont unis, les manifestations font nombre, l’opinion publique lui est largement favorable, et si le gouvernement est démocratiquement élu, il est massivement minoritaire. Les astres sont donc alignés, les feux sont au vert, dans des conditions aussi objectivement favorables, si le « mouvement social » perd, cela signifie qu’il ne pourra plus jamais imaginer ou prétendre gagner quoi que soit.

En face, il y a Emmanuel Macron, son gouvernement et quelques fanatiques qui croient en lui. Eux se savent minoritaires mais c’est de là qu’ils puisent leur force, Macron n’est pas un président qui s’est fait élire pour être aimé ou même apprécié, il incarne le terminus de la politique, son adhésion pure et parfaite à l’économie, à l’efficacité, à la performance. Il ne voit pas le peuple, la vie, les gens, seulement des atomes dont il faut extraire de la valeur. Macron est une sorte de droïde méchant qui veut le bien de ses gouvernés envers et contre eux. Son idée de la politique, c’est un tableau Excel : tant que les calculs sont bons et le résultat positif, il continuera d’avancer au pas de charge. A contrario, il sait que s’il hésite, tremble ou se dédit, il ne pourra plus prétendre gouverner quoi que ce soit ou qui que ce soit.

Un face à face n’est cependant pas une symétrie. Ce qui menace le « mouvement social » c’est la fatigue et la résignation. La seule chose qui pourrait faire renoncer le président c’est le risque tangible et proche d’un soulèvement. Ce que nous constatons depuis le 49.3 du jeudi 16 Mars, c’est que la donne est en train de changer. Toute négociation avec le pouvoir étant devenue caduque, le « mouvement social » est en train de se déborder et de se dépasser. Ses contours deviennent pré-insurrectionnels.

Reste une troisième force, officieuse, celle de l’inertie : celles et ceux qui pour l’instant refusent de rejoindre la bataille par inadvertance, flemme ou crainte. Présentement, elle joue pour le gouvernement mais plus la situation devra instable, plus elle devra prendre parti, pour le mouvement ou pour le pouvoir. Le tour de force des Gilets Jaunes fut de sortir la frustration et l’insatisfaction de derrière les écrans.

« La meilleure retraite, c’est l’attaque »

Mais que se cache-t-il réellement derrière cet affrontement et sa mise en scène ? Qu’est-ce qui serre les cœurs, donne du courage ou de la rage ? Ce qui se joue, c’est très certainement le rejet du travail. Évidemment, personne n’ose le formuler ainsi car dès qu’on parle de travail, un vieux piège se referme sur nous. Son mécanisme est pourtant rudimentaire et bien connu, derrière le concept même de travail, « on » a volontairement confondu deux réalités bien distinctes. D’un côté le travail comme participation singulière à la vie collective, à sa richesse et à sa créativité. De l’autre, le travail comme forme particulière de l’effort individuel dans l’organisation capitaliste de la vie, c’est-à-dire le travail comme peine et comme exploitation. Si l’on s’aventure à critiquer le travail, voire à souhaiter son abolition, ce sera le plus souvent compris comme un caprice petit-bourgeois ou un nihilisme de punk à chien. Si on veut manger du pain, il faut bien des boulangers, si l’on veut des boulangers il faut des boulangeries, si l’on veut des boulangeries il faut bien des maçons et pour la pâte qu’on met dans le four, il faut des paysans qui sèment, récoltent, etc. Personne évidemment, n’est en mesure de contester pareille évidence. Le problème, notre problème, c’est que si nous rejetons à ce point le travail, si nous sommes des millions dans la rue à battre le pavé pour qu’on ne nous inflige pas deux années supplémentaires, ce n’est pas parce qu’on est feignant ou qu’on rêve de s’inscrire dans un club de Bridge mais parce que la forme qu’a pris l’effort commun et collectif dans cette société est invivable, humiliant, souvent dénué de sens et mutilant. Si on y réfléchit bien, on ne s’est jamais battu pour la retraite, toujours contre le travail.

Reconnaître collectivement et massivement que nous vivons pour la grande majorité le travail comme une peine, voilà une réalité que le pouvoir ne peut pas laisser s’installer : en prendre acte impliquerait de bazarder tout l’édifice social sans lequel il n’est plus rien. Si notre condition commune est de n’avoir aucun pouvoir sur notre vie et de le savoir, paradoxalement, tout redevient possible. Notons que les révolutions n’ont pas nécessairement besoin de grandes théories et d’analyses complexes, il suffit parfois même d’une minuscule revendication que l’on tient jusqu’au bout. Il suffirait par exemple de refuser d’être humilié : par une cadence, par un salaire, par un manager ou une tâche. Il suffirait d’un mouvement collectif qui suspende l’angoisse de l’emploi du temps, de la to-do-list, de l’agenda. Il suffirait de revendiquer la dignité la plus minimale pour soi, les siens et les autres et c’est tout le système qui s’effondrerait. Le capitalisme n’a jamais été autre chose que l’organisation objective et économique de l’humiliation et de la peine.

Critique de la violence

Cela posé, il faut bien reconnaître que dans l’immédiat l’organisation sociale que nous contestons ne tient pas seulement par le chantage à la survie qu’elle fait peser sur chacun. Il y a aussi et notablement, la police et sa violence. On ne reviendra pas ici sur le rôle social de la police et les raisons qui l’amènent à être aussi détestable, cela a déjà été parfaitement synthétisé dans ce texte : Pourquoi tous les flics sont des batards. Ce qui nous semble urgent, c’est de penser stratégiquement cette violence, ce qu’elle réprime et étouffe par la terreur et l’intimidation.

Ces derniers jours, il y a eu des chercheurs et des commentateurs pour dénoncer le manque de professionnalisme des policiers, leurs excès, leur arbitraire et parfois même leur violence. Même sur BFMTV on s’est étonné que sur les 292 interpellés du jeudi 15 place de la Concorde, 283 soient sortis de garde à vue sans poursuite et les 9 restants en écopant d’un simple rappel à la loi. Le problème de ce genre d’indignation, c’est qu’en voyant un dysfonctionnement du dispositif elles s’empêchent de voir ce qui ne peut qu’être une stratégie à l’œuvre. Si des centaines de BRAV-M sillonnent à toute blinde les rues de Paris pour poursuivre et tabasser les regroupements de contestataires, si dès vendredi un arrêté préfectoral interdisait tout rassemblement dans une superficie d’environ un quart de la capitale, c’est parce que MM Macron, Darmanin et Nunez se sont accordés sur la méthode : vider les rues, choquer les corps, terrifier les cœurs… en attendant que ça passe.

Répétons-le, on ne gagne jamais « militairement » contre la police. C’est un obstacle qu’il s’agit de tenir en respect, d’esquiver, d’épuiser, de désorganiser ou de démoraliser. Destituer la police, ce n’est pas espérer naïvement qu’un jour elle baisse les armes et rejoigne le mouvement mais au contraire s’assurer que chacune de ses tentatives de restaurer l’ordre par la violence produise davantage de désordre. Rappelons que le premier samedi des Gilets Jaunes sur les Champs Elysées, la foule qui se sentait particulièrement légitime chantait « la police avec nous ». Quelques charges et gaz lacrymogènes plus tard, la plus belle avenue du monde se transformait en champs de bataille.

Tirer les leçons de la répression

Cela dit, nos capacités de décisions stratégiques pour la rue sont très limitées. Nous ne disposons d’aucun état-major, seulement de notre bon sens, de notre nombre et d’une certaine disposition à l’improvisation. Dans la configuration actuelle des hostilités nous pouvons néanmoins tirer quelques leçons de ces dernières semaines :

— La gestion policière des manifestations, c’est-à-dire leur maintien dans les limites de l’inoffensif, se partage entre les responsables syndicaux et les forces de police. Une manifestation qui se passe comme prévu est une victoire pour le gouvernement. Une manifestation qui déborde propage l’inquiétude au sommet du pouvoir, démoralise la police et nous rapproche d’une réduction du temps de travail. Une foule qui n’accepte plus le parcours encadré par la police, endommage les symboles de l’économie et exprime sa colère dans la joie, est un débordement, donc une menace.

— Pour le moment et à l’exception du 7 mars, toutes les manifestations de masse ont été contenues par le dispositif policier. Les cortèges syndicaux restaient parfaitement ordonnés et les manifestants les plus déterminés se retrouvaient systématiquement isolés et sauvagement réprimés. Dans certaines circonstances, un peu d’audace libère les énergies nécessaires au débordement du dispositif, dans d’autres, cela peut autoriser la police à refermer violemment toute possibilité. Il arrive qu’en voulant casser une vitrine, on se casse d’abord le nez sur le rebord du dispositif.

— De par leur rapidité de déplacement et d’intervention et du fait de leur extrême brutalité, les BRAV-M sont l’obstacle le plus redoutable. La confiance qu’ils ont acquise ces dernières années et plus particulièrement ces dernières semaines doit impérativement être sapée. Si l’on ne peut évacuer la possibilité que des petits groupes leur dament occasionnellement le pion et réduisent leur audace, l’option la plus efficace serait que la foule pacifique des syndiqués et manifestants ne tolère plus leur présence, s’interpose les mains en l’air à chacune de leurs percées, les invective et les repousse. Si leur apparition dans les manifestations provoque davantage de désordre qu’elle ne rétablit l’ordre, M. Nunez sera contraint de les exiler sur l’Ile de la Cité, de les cloitrer dans leur garage de la rue Chanoinesse.

— Jeudi 15 mars, à la suite de l’annonce du 49.3, une manifestation syndicale déclarée et des appels plus éparpillés se sont rejoints de l’autre côté du pont de la Concorde en face de l’Assemblée Nationale. L’objectif premier du dispositif policier étant de protéger la représentation nationale, la foule a été repoussée vers le sud. A la faveur de cette manœuvre, les manifestants se sont retrouvés propulsés et propagés dans les rues touristiques de l’hyper centre. Les amas d’ordures laissés par la grève des éboueurs se sont alors spontanément transformés en brasiers ralentissant et empêchant les interventions policières. Spontanément, dans de nombreuses villes du pays, les poubelles en feu sont devenues la signature du mouvement.

— Vendredi 16 mars, un nouvel appel à se rendre sur la place de la Concorde s’est avéré contenu. Si les manifestants étaient courageux et déterminés, ils se sont retrouvés pris dans une nasse et un étau, incapables de recouvrir la moindre mobilité. La préfecture n’a pas reproduit la même erreur que la veille. Samedi, un troisième appel à se rendre sur cette même place a convaincu les pouvoirs publics d’interdire tout rassemblement dans une zone allant des Champs Élysées au Louvre, des Grands Boulevards à la rue de Sèvres soit environ un quart de Paris. Des milliers de policiers stationnés dans la zone ont pu empêcher tout début de rassemblement en harcelant les passants. De l’autre côté de la ville, un rassemblement place d’Italie a pris de vitesse le déploiement policier en s’élançant en manifestation sauvage dans la direction inverse. Des groupes mobiles ont pu pendant plusieurs heures durant bloquer les rues, enflammer les poubelles et échapper temporairement à la BRAV-M.

— Le B.a.-ba de la stratégie c’est que les tactiques ne doivent pas s’opposer mais composer. La préfecture de Paris a déjà présenté sa narration de bataille : les manifestations de masse responsables mais inoffensives d’un côté, les émeutes nocturnes menées par les franges radicales et illégitimes de l’autre. Qui était dans la rue cette dernière semaine sait à quel point cette caricature est un mensonge et combien il est important qu’elle le reste. Car c’est leur ultime arme : diviser la révolte entre bons et méchants, responsables et incontrôlables. La solidarité est leur pire cauchemar. Si le mouvement gagne en intensité, les cortèges syndicaux finiront par être attaqués et donc par se défendre. Les blocages surprises de périphériques par des groupes de la CGT montrent par ailleurs qu’une partie de la base est déjà résolue à déborder les rituels. Lorsque la police est intervenue à Fos-sur-Mer lundi afin de faire appliquer les réquisitions du préfet, les ouvriers syndiqués sont allés à l’affrontement. Plus les actions se multiplieront, plus l’étreinte de la police se desserrera. Gérald Darmanin évoque plus de 1200 manifestations sauvages ces derniers jours.

« Le pouvoir est logistique, bloquons tout »

Par-delà sa propre violence, l’efficacité de la police réside aussi dans son pouvoir de diversion. En déterminant le lieu, les modalités et la temporalité de la confrontation, elle pompe l’énergie du mouvement. Si nous parions sur le désordre et la menace qu’il fait peser sur le pouvoir pour que M. Macron renonce à étendre la durée du travail, le blocage est crucial et vital. En effet, plus personne n’attendra indéfiniment la grève générale d’une classe ouvrière et d’un monde du travail émiettés par 30 années de néo-libéralisme, le geste politique le plus évident, spontané et efficace est désormais le blocage des flux économiques, l’interruption de l’écoulement normal des marchandises et des humains. Ce qui s’organise à Rennes depuis deux semaines peut servir d’exemple. Plutôt que de poser la confrontation avec la police comme objectif premier, les Rennais se sont dotés d’assemblées semi-publiques dans lesquelles se concoctent des actions de blocage. Ce lundi à l’aube, un appel « villes mortes » a vu des centaines de personnes réparties sur plusieurs points de la ville venir bloquer les grands axes et la rocade rennaise. Deux semaines plus tôt, 300 personnes incendiaient des poubelles en pleine nuit pour bloquer la rue de Lorient jusqu’au petit matin. L’enjeu n’est jamais de se confronter à la police mais de la prendre de cours, de devenir furtifs. Même du point de vue de ceux qui ne jurent que par le nombre et attendent toujours la grève générale, cette démultiplication des points de blocage et de désordre s’impose comme une évidence. Si depuis le déclenchement du 49.3 jeudi dernier, il n’y avait eu que l’appel à manifester le jeudi suivant, tout le monde se serait résolu à un baroud d’honneur et à la défaite. Les blocages et la bordelisation diffuse donnent le courage, la confiance et l’élan pour se projeter par-delà les échéances déterminées derrière les portes de l’intersyndicale.

Occuper pour se rencontrer et s’organiser

L’effondrement de la politique classique, de ses partis et de ses désillusions a ouvert un boulevard à des expériences autonomes novatrices. Le mouvement contre la loi travail, Nuit Debout, les Gilets Jaunes, les Soulèvements de la Terre et tant d’autres sont venus confirmer ces dernières années qu’il n’y avait non seulement plus rien à attendre de la représentation mais que plus personne n’en voulait.

Chacune de ces séquences mériterait une analyse poussée de ses forces comme de ses faiblesses mais nous nous en tiendrons ici à une évidence de base : destituer le pouvoir implique d’inventer de nouvelles formes et pour cela, dans l’atomisation de la métropole, il faut des lieux où se retrouver, penser et depuis lesquels se projeter. Pendant des décennies, l’occupation de bâtiments, de fac ou autres a fait partie des pratiques évidentes de tout mouvement. Un président d’Université qui acceptait l’intervention de la police sur son campus était immédiatement voué à la vindicte tant il allait de soi que la réappropriation collective et ouverte d’un espace était le revers minimal de la privatisation de tous les espaces et de la policiarisation de l’espace public.

Force est de constater qu’aujourd’hui, aucune occupation n’est tolérée. On peut, comme à Rennes, réquisitionner un cinéma abandonné pour le transformer en Maison du Peuple où se rencontrent syndicalistes, militants et habitants, la maire socialiste de la ville l’expulse sous 48H en envoyant des centaines de policiers. Quant aux universités, leurs autorités invoquent sans honte les risques de débordement et la possibilité du distanciel pour fermer administrativement ou envoyer là encore la police contre ses propres élèves. Ce que tout cela dit, c’est à quel point en face, on sait que des lieux où se retrouver et s’organiser sont précieux et permettent des montées en puissance. À Paris, une occupation de la Bourse du travail a été tentée après une assemblée endiablée et un banquet sauvage sous la verrière du mouvement ouvrier. Elle s’est pourtant étiolée dans la nuit, l’indécision et l’incompréhension syndicale et autonome. Il nous faut des lieux pour construire la complicité et la solidarité et il nous faut des complicités et des solidarités pour tenir des lieux. L’œuf, la poule.

À Rennes, le mouvement a temporairement suspendu le problème, une fois évacuée, la Maison du Peuple s’est réunie en plein jour et a continué d’organiser les blocages autant que les rencontres. En attendant, on l’imagine, d’être suffisamment soudés et forts pour reprendre un lieu avec toit, eau courante et chauffage. À Paris, les limites de l’expérience de Nuit Debout semblent avoir condamné la possibilité de se réunir en extérieur. La caricature qu’il en reste voudrait que les discussions en air libre ne produisent que des monologues sans queue ni tête. On se souvient pourtant de l’apéro chez Valls et de la possibilité, y compris depuis nos solitudes métropolitaines autocentrées, de prendre une décision au pied levé et de foncer à plusieurs milliers chez le Premier ministre. Que le gouvernement s’acharne à ce point à nous laisser sans points de repères et de retrouvailles, dit à quel point il est urgent de nous en doter.

Vers l’infini et l’au-delà

Nous l’avons dit, les contours du mouvement sont en train de devenir pré-insurrectionnels. Chaque jour, les blocages se multiplient et les actions s’intensifient. La journée de jeudi sera donc décisive. Du pur point de vue de la réforme, si les manifestations de jeudi débordent massivement, Macron sera acculé. Soit il prendra le risque d’un samedi noir partout dans le pays, c’est-à-dire la gilet-jaunisation qu’il craint par-dessus tout, soit il reculera dès vendredi en invoquant le risque de débordements majeurs et incontrôlables.

Tout se joue donc maintenant, et au-delà. La gauche est en embuscade, prête à vendre une échappatoire électorale, une illusion référendaire, voire la construction de la 4e Internationale. Il s’agira en tous cas pour elle d’invoquer la patience et le retour à la normale. Pour que le mouvement perdure et esquive la récupération autant que la répression, il lui faudra se confronter au plus vite à la question centrale de tout soulèvement : comment déployer les moyens de son auto-organisation ? Certains se demandent déjà comment vivre le communisme et répandre l’anarchie.

[ASAP Révolution] ‘foiré c’est la guerre !

Le tract est téléchargeable en PDF ici !

Ce tract a été diffusé lors de la manifestation du 7 mars 2023, pendant le mouvement contre les retraites. Imprimez-le, diffusez-le !

Source : https://asaprevolution.net/index.php/2023/03/09/foire-cest-la-guerre/

Les bourgeois jouent à la guerre. Derrière c’est les prolos qui sont envoyés au front. Là-bas ils s’entre-tuent, depuis un an et ça ne semble pas pouvoir s’arrêter comme ça. Les dégradations des vies des prols du monde entier qui s’ensuivent sont affligeantes. Ils peuvent bien couper l’élec en Angleterre ou ici, les plus pauvres s’en privent déjà faute de pouvoir payer. Dans la Corne de l’Afrique les famines et récession vont s’enchaîner et s’empirer, de pair avec l’augmentation des produits de nécessité. La moitié du blé importé depuis le continent africain vient d’Ukraine et de Russie.

Aucun signe de paix oui j’le sais

Partout on a conscience de la douille. On compte plus les déserteurs et les cramages de postes de recrutement russes et ukrainiens. Des prolos noyés dans la propagande de l’Etat en guerre s’organisent et luttent pour leurs intérêts communs, à savoir opposés à ceux des bourgeoisies sur place. En Italie au début de la guerre les dockers ont bloqué les bateaux censés livrer des armes en Ukraine. En Biélorussie des sabotages ont été commis sur des voies ferroviaires censées amener des soldats sur le front.

J’dis pas s’il te plaît file le blé

On est envoyé au turbin, c’est l’économie de guerre, on se sert la ceinture, la vie est toujours vraiment trop chère. Derrière, les bourges au pouvoir trouvent l’argent pour remilitariser les pays (473 milliards en France !), propagent les idées nationalistes et nous préparent à la guerre. La période est dure et va s’empirer, la paix qu’ils nous font miroiter n’est pas une issue viable. Elle ne serait qu’un retour à la normalité de notre exploitation.

Igo faut que j’triple mes fiches de paie

Les effets de l’économie de guerre se font ressentir partout et obligent les prolétaires à une réaction. En Angleterre les gens ne peuvent plus payer les factures. Le mouvement “Don’t pay” se propage malgré la présence limitante des syndicats. Si l’idée se généralise elle pourrait faire mal aux capitalistes. En France, l’Etat amortit pour l’instant cette crise de l’énergie mais attaque sur d’autres fronts. Nos salaires ne font que baisser alors qu’on travaille de plus en plus (retraite, chômage…) et que tout augmente.

Tout en contrant ceux qui s’la conte-ra

Les revendications démocratiques et les alliances de circonstances sont à vomir. Qu’elles soient portées par la gauche institutionnelle ou par son aile la plus radicale. Croire à une quelconque possibilité d’amélioration de nos situations en marchant derrière ceux qui négocient leur reddition est une impasse. Ils vont comme toujours faire leur travail : brader les conditions de notre exploitation et nous renvoyer au travail quand le bal sera fini. On ne répétera pas nos erreurs des luttes passées, c’est mort ! Partout on scande que des gens se sont battus et ont gagné la retraite à soixante ans. Mais si on continue à bosser comme ça, on sera plus très beaux à voir à soixante ans. La vérité c’est que certains se sont battus pour bien plus et qu’ils ont perdu. Nous on ne les oublie pas et on ne se contentera pas de ces luttes par procuration.

Quoi que ça nous coûtera la merde on la quittera

Faut pas croire que la marche forcée du capital trace sa route comme ça, sans riposte. Partout des prolos relèvent la tête, se trouvent et se retrouvent, et envisagent de combattre ensemble, pour leurs intérêts directs. En Iran on crie “mort au Shah!”, les ruptures entre les bourgeoisies locales et les populations sont intenses et sanglantes, mais la lutte paie et l’idée de liberté et d’émancipation se renforcent. Parce qu’on se rend bien compte que c’est nous qui produisons tout, qui trimbalons tout, qui rangeons tout, qui préparons tout. La ligne de production s’étend à l’international et on en compose tous les maillons qui font que les bourges se font des couilles en or à vendre leur camelote. Et d’ailleurs à chaque fois qu’on arrête de bosser ça fait mal. Dès qu’on peut, on ralentit les cadences, on sabote, on se sert. C’est dans cette volonté d’en faire le moins possible qu’on se retrouve, on constate qu’on en a tous plein le dos, qu’on va pas tenir longtemps comme ça. Et quand les conflits s’amplifient on se dit qu’on pourrait, ensemble, aller tout bloquer. En vrai y’a quoi comme issue finale à cette situation ? Les charos du capital nous font miroiter une vie rangée, stable et confortable. Beaucoup n’y croient pas. Partout les prolos ne font que travailler sans jamais pouvoir profiter d’un quelconque statut favorable. On peut pas vivre en France avec un SMIC, en tout cas on a une vie de merde, et c’est pas Mélenchon, Boyard ou un autre connard de sociale-démocrate qui va venir nous aider. Parce que oui, ouvrier à la chaîne ou 35h vissé à un bureau on reste fauché. Même ceux qui se considéraient comme favorisés ont tendance à rejoindre le bas du panier.

Arrêtez d’me dire que tout va bien, des daronnes en gilets fluo font des émeutes”

En France en 2023 beaucoup de travailleurs ont suivi l’appel à la grève, même dans des boîtes “privées” où il n’y en avait jamais eu. Certains se sont retrouvés dans la rue pour la première fois. Cela a dû provoquer des remous dans le calme plat du travail. On pouvait enfin retrouver la force de parler de nos conditions de tafs avec les collègues, d’imposer à nos patrons qu’on ne viendra pas au taf tel jour, ou encore d’avoir un prétexte pour demander des thunes. Finalement frustrés que jour après jour il faille retourner au travail comme si de rien n’était.

Comme si de rien n’était car le mouvement semble se limiter à des actions symboliques, manifestations de principe où l’on défile comme on irait voter. Ce “mouvement” est à des années-lumières de l’ambiance que l’on pouvait ressentir au cours des premiers mois gilets jaunes. Ils sont loin les milliers d’appels au blocage répandus anarchiquement sur les réseaux, qui pouvaient donner suite à un piquet de grève à quatre comme au barricadage d’axes de transport pendant toute une nuit et plus. Le mouvement était composé d’énormément de travailleurs d’horizons différents, qui se complétaient si bien lorsqu’il fallait s’imaginer bloquer tout un centre-ville ou encore incendier péages et casernes.

Là, on refusait d’être représentés par des bourgeois et autres petits entrepreneurs. On virait les vautours qui nous faisaient bosser pour eux. Alors les objectifs du mouvement n’étaient pas enfermés dans des revendications sectorielles, dictés par les professionnels de la lutte, mais bien multiples et variés, et envisagés par les gens en lutte.

Sur cette période pré-covid, plusieurs soulèvements sont partis d’éléments déclencheurs très proches, que ce soit l’augmentation de l’essence en France et en Iran, la nouvelle taxe sur l’appli WhatsApp au Liban, sur l’augmentation du ticket de métro au Chili. Ce sont des changements avec des répercussions sur la vie des prolos et qui s’incluent dans un tout de dégradation des conditions de vies. Ces révoltes soulèvent les maux les plus profonds de la société, ces mouvements ont une base prolétarienne qui est prête à tout pour obtenir tout, et pour tout le monde. Les répercussions de tous ces soulèvements à travers le monde sont énormes. Dans cette période intense où la lutte des classes se répond, s’influence et se renforce à l’international, nous devons nous battre pour les intérêts de notre classe aux quatre coins du monde.

Dès maintenant on veut lutter avec les autres travailleurs pour casser les divisions produites par le capitalisme et transformer nos rapports. On veut que les luttes à l’intérieur des boîtes contaminent toutes les dimensions de la vie sous le capital.

C’est la société entière qui est en putréfaction et qui ravage le vivant, la perspective d’un bouleversement total par le prolétariat doit être envisagée sérieusement.

Par les différentes formes que peuvent prendre l’organisation des prols contre le capital, que ce soit au travail et dans nos conditions d’existence.

La situation ne peut s’améliorer qu’en généralisant dans le temps la lutte contre les bourgeoisies et leurs Etats, le capital et son exploitation.

La révolution n’est pas une idée, une croyance, mais une nécessité.

[Assemblée Action Autonome] Faire mouvement

Source : https://twitter.com/ClasseCollectif/status/1622243107356958722/

Pour nombre d’entre nous c’est dur de faire grève. Parce que les fins de mois, parce que la répression patronale, parce que la précarité… Et encore faut-il avoir un travail ! Mais on l’a vu avec le mouvement gilet jaune : la manifestation est un espace où nous avons battu en retraite quand le pouvoir a réussi à dégager nos points de blocages et d’organisations.

Pour repartir à l’offensive, pour arracher du temps de lutte, pour construire un mouvement réel, il est nécessaire d’attaquer la production et la distribution des marchandises. De l’extérieur, par les blocages, comme de l’intérieur, par la grève, mais aussi le sabotage. Alors, ralentissons le travail. Appliquons toutes les procédures obligatoires, faisons le minimum et partons dès que possible. Sabotons le travail. Piquons tout ce qu’on peut, ciblons ce qui peut mettre à l’arrêt le boulot. Cessons le travail. Mettons-nous en maladie, accroissons l’absentéisme…

Les exemples, il y en a plein. Dans de nombreux tafs, cela fait partie de notre arsenal de résistance quotidienne. La question, c’est de nous y mettre ensemble, de généraliser ces pratiques, qu’elles soient un sujet de conversation entre collègues : construisons un mouvement qui attaque ce travail qu’on veut nous imposer jusqu’à la mort.

Marre du travail

On ne va pas vous parler d’âge de la retraite ici. Si le travail ne nous tuait pas avant, s’il ne nous laissait pas en miettes, physiquement, psychologiquement, s’il s’agissait d’une activité libre et épanouissante, on ne parlerait même pas de retraite. Le problème c’est le travail et cela nous sommes des millions à le penser. D’ailleurs, ceux qui ne sont pas d’accord, sont bien souvent les mêmes qui veulent nous faire bosser plus.

Ce qui rend la lutte inoffensive, c’est son individualisation. La grève citoyenne, qui ne sert qu’à aller à la manif, qui ne bloque pas la production, ça ne marche pas. Qu’on travaille ou qu’on soit au chômage, à la retraite, à la fac… nous avons besoin de faire masse, pour bloquer, débrayer les autres boites, pour faire tache d’huile.

Défendons-nous

N’ayez pas peur, nous sommes ensemble ! Voici un slogan qui nous vient du soulèvement actuel en Iran. Ici, aussi, c’est en nous groupant que nous pouvons vaincre la peur. Cela passe par la solidarité dans la lutte. Ne nous laissons pas intimider, nous sommes en mouvement, si le patron menace, il peut trouver un blocage devant sa boite le lendemain.

Rencontrons-nous

L’assemblée de lutte autonome est un outil pour un mouvement offensif, révolutionnaire. Si vous vous retrouvez dans les perspectives que nous avons énoncées, rejoignez-nous !

Assemblée Action Autonome, info & rdv sur Telegram.
Cherchez le canal @tsunamitoulouse

[La Mouette Enragée] Passons à l’action tous ensemble et dès maintenant !

Source : https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2023/01/29/retraites-tract-pour-la-greve-du-31-janvier-2023-macron-ne-lachera-rien-a-moins-que/

– Macron ne lâchera rien ! Il se retranche actuellement derrière la légitimité institutionnelle, et c’est de bonne guerre… de classe ! Ceux qui clament qu’un Etat démocratique se doit d’entendre la parole du peuple font fausse route et perdent leur temps. Bien sûr, dans un Etat démocratique l’expression des intérêts subalternes est permise, elle est même révérée : Droit de vote, Droit de grève, Droit de manifestation… mais cette machinerie législative est configurée de telle sorte que les intérêts fondamentaux de la classe dirigeante n’aient jamais à en pâtir. Le temps que la bourgeoisie trouve matière à compromis avec les classes qui lui sont subordonnées, elle se fait la plus aimable des maîtresses. Si elle juge ses projets mis en difficulté, elle se ravise. Elle dispose pour cela d’un arsenal de lois appropriées et au besoin de la matraque, des tribunaux et de la prison. A titre d’exemple, des CRS ont récemment investi les campus de l’université de Strasbourg et l’EHESS de Paris pour y rafler et jeter en garde à vue des étudiants mobilisés. Et ce n’est que le début…

Enrayons la machine de production !

Nous étions deux millions dans la rue le 19 janvier ! s’enthousiasment certains. Nous étions nombreux, c’est vrai. Mais jusqu’à la preuve du contraire, le Capital ne se nourrit ni de bulletin de vote à l’assemblée, ni de marche à pied, il se gave exclusivement de travail exploité et dominé, en l’occurrence le nôtre ! Et sa faim est insatiable comme nous le démontrent les dernières attaques gouvernementales contre l’assurance chômage et les retraites. Pour faire plier Macron et la bourgeoisie, malheureusement, il ne nous suffira pas de défiler nombreux dans les rues de Paris ou des villes de province. Pour y parvenir, il nous faut d’abord les priver de travail, de marchandise et donc de profit. La grève est la première des armes dont nous disposons. La grève doit donc s’étendre à tous les secteurs de la production et des services, sans exclusive. Mais pour être efficace, elle doit porter un coup d’arrêt direct à l’accumulation du capital en désorganisant le quotidien dans tous ses aspects matériels et pratiques : temps, circulation, transport, communication… La grève doit redevenir ce moment de rupture où nous, les producteurs, arrachons du pouvoir à la bourgeoisie et ses politiciens en reprenant le contrôle de nos vies. La grève doit redevenir ce temps particulier où le rapport de force s’inversant, nous contestons leur (il)légitimité, démontrant dans les faits que Nous sommes tout ! et qu’eux ne sont rien ! La partie commence et le jeu est ouvert !

N’attendons plus la retraite pour nous libérer du travail et du capital !

– Nous le ressentons tous, malgré ses flottements, cette mobilisation contient en elle un je-ne-sais-quoi de plus que le simple refus d’un projet gouvernemental. Il se passe quelque chose actuellement, auquel nous devons encore donner forme et contenu… Il se pourrait qu’enfin les femmes et les hommes de notre classe aient commencé à ne plus accepter, à ne plus reculer. Et c’est cela qui inquiète le pouvoir… Avec toutes les limites qui l’ont caractérisé, le mouvement des Gilets Jaunes a déchiré un temps le voile qui masque la réalité des rapports de classes structurant cette société. En réclamant par l’action de pouvoir vivre dignement et décider à la base, cette dynamique ressuscitait les fondamentaux d’un mouvement ouvrier devenu amnésique et grabataire. Si comme nous l’espérons, la lutte qui s’engage sonne le réveil de notre camp, alors elle doit saisir ce relais et mener la tâche à son terme, autant que faire se peut.

– Avec « la retraite », c’est en réalité la question centrale du travail qui est posée. Non pas le travail dans son sens anthropologique, mais le travail salarié, le travail exploité, le travail dominé et bien sûr le sens, ou plutôt le non-sens qu’il recouvre sous la dictature du capital. Pour remplir le frigo, nous sommes des millions contraints à nous vendre chaque jour à un patron qu’il soit petit, grand, privé ou public, sympa ou charogne, parfois inconnu… Nous endurons l’arrogance de petits managers ineptes, lâches et vicieux. Nous nous plions aux impératifs des projets, des objectifs, des enquêtes, des statistiques… et tout cela dans quel but ? Dans l’unique but d’accroître toujours et encore le pouvoir et la richesse matériels des membres d’une seule et même classe sociale. La bourgeoisie a fait son temps, elle nous vole le nôtre en plus du reste ! N’attendons plus, chacun à notre tour, un hypothétique départ en retraite pour nous échapper de ses griffes ! Passons à l’action tous ensemble et dès maintenant !

Nous ne sommes rien… Soyons tout !

Boulogne sur mer, le 29/01/2023

TÉLÉCHARGER LE TRACT ICI : RETRAITES-2023

[La Mouette Enragée] Ce sera lui ou… Nous !

Source : https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2023/01/15/3136/

Être radical, c’est saisir les choses à la racine.
Or la racine, pour l’humain, c’est l’humain lui-même. Karl Marx

Macron est une nature autoritaire, infantile et violente, de celles qui ne supportent qu’on leur résiste. Du haut de sa toute puissance et face à Ceux qui ne sont rien, il a démontré par le passé de quoi il est capable. Il y a quelques mois, son ministre de l’intérieur a lancé un appel d’offre d’un montant de 38 millions d’euros pour renouveler les stocks de grenades et « couvrir les besoins des quatre années à venir »… En décembre, la justice de l’Etat français acquittait le policier qui avait crevé l’œil d’un manifestant lambda lors du mouvement contre la Loi Travail. D’ores et déjà, nous savons à quoi nous attendre. Du reste, Macron tient le « dossier des retraites » pour une pièce maîtresse de son second mandat dévoué, comme le précédent, au service des riches et des puissants. Autant dire qu’il entend mener l’affaire tambour battant ! A moins que…

C’est la guerre sociale

Ne nous perdons pas en exégèses superflues. Depuis toujours, la « réforme des retraites » n’est qu’un brigandage couvert par une camarilla de politiciens de droite et de gauche. Notre pension, n’est ni une obole pour service rempli, ni la contrepartie différée de cotisations, la retraite c’est notre salaire prolongé et calculé à partir d’un montant de référence. Sous le régime de l’accumulation capitaliste et de l’esclavage salarié, cibler les retraites, ou les allocations chômage, revient pour le capital à accroître le niveau d’exploitation du travail à la fois de manière relative et absolue. Un véritable racket comme certains l’affirment, qui prend néanmoins un tour particulier. C’est à ce moment précis de notre existence où nos corps sont devenus vulnérables et notre santé largement entamée par des années d’exploitation, que Macron et sa coterie entendent nous asséner un coup de trique supplémentaire. L’ultime, avant de nous verser dans la fosse…

Les défoncer pour ne plus se faire défoncer !

Nous ne gagnerons face à ce gouvernement que si nous parvenons, comme ce fut le cas avec le mouvement des Gilet Jaunes, à déjouer ses plans, nous rendre imprévisibles et lui inspirer la crainte. Pour cela, sachons tirer les enseignements des dernières luttes engagées sur le terrain de la guerre de classe. La grève est bien sûr l’arme indispensable. La grève doit immédiatement s’ancrer dans les secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports et les communications. Elle doit nous permettre d’occuper rapidement une position de force mais ce scénario, à lui seul, ne sera ni suffisant, ni satisfaisant. Et attention, le temps nous est compté !

En décembre, la grève des contrôleurs de la SNCF, majoritaire à 90 %, partie et contrôlée par la base a immédiatement mis sous tension la direction de l’entreprise et affolé le ministre des transports. Hébété, Clément Beaune dénonça un mouvement « en dehors du dialogue social ». Une fois n’est pas coutume, une vérité sortait de la bouche d’un politicien. Seule une dynamique de cette nature, massive, impulsée et contrôlée par une base déterminée et échappant aux manœuvres des appareils permettra de déjouer les tentatives de division qui vont fleurir rapidement. L’Etat ne redoute rien moins que ce qui lui est étranger en tous points !

Faire sa peau au capitalisme par la révolution sociale !

Personne ne s’y trompe, si actuellement l’opposition à Macron est si forte, ce n’est pas parce qu’il serait pire pantin que ses prédécesseurs, c’est uniquement car sa mesure cristallise en elle toute la souffrance rengorgée par des millions d’entre nous, chaque jour, à l’usine, au bureau, sur les chantiers, dans les services de soin, etc… Cette souffrance, c’est celle du rapport social capitaliste, celle d’un rapport d’exploitation et de domination qui n’a rien à offrir que l’anesthésie de masse au Prozac et aux séries NetFlics, la haine de chacun contre tous, la surveillance généralisée et la propagation de la guerre… Le capitalisme et son travail mortifère nous conduit de catastrophe en catastrophe vers l’abîme. Alors, même si nous gagnons face à Macron et nous devons gagner, ce ne sera qu’une étape vers la reconstruction vitale d’une dynamique collective et internationale qui replace la question de notre émancipation sociale au cœur des enjeux qui se dressent devant nous.

Nous ne sommes rien… Soyons tout !

Boulogne-sur-mer, le 15/01/2023

TÉLÉCHARGER LE TEXTE ICI : « retraites – 2023 »

[A$AP Révolution] Tout est trop cher ! On a raison de faire grève!

Source : https://twitter.com/asap_revolution/status/1617507678364000257/

Des prols se révoltent et s’organisent contre le capital et l’Etat, en Iran, en Chine, au Pérou, en Grèce alors qu’ici c’est le retour à la normale. Pour pallier au ralentissement de la production pendant la pandémie et tenter d’endiguer la crise latente du capitalisme, les bourgeois ajustent une machine déjà grippée. Ailleurs des prols s’entretuent pour la bourgeoisie, nous on se serre la ceinture, la douille est millimétrée.

Ici, destruction du système chômage pour mettre en concurrence les travailleurs, augmentation du temps de travail, durcissement de l’exploitation de la main d’œuvre immigrée, travail contraint des RSAstes. Nos salaires baissent : moins de thunes, plus de temps de travail.

Tout est trop cher !

La réforme des retraites n’est qu’une virgule sur l’ensemble des attaques qui sont menées contre le prolétariat, c’est tout le marché du travail qui est restructuré dans le but bien avoué par les capitalistes de faire plus de thunes sur notre dos. A cela s’ajoute une inflation galopante qui vient détériorer nos conditions de vie nous obligeant de plus en plus à aller voler dans les magasins et à ne plus payer nos factures quitte à tomber sous le coup de la justice.

On a raison de faire grève

Dans les boîtes, plein de gens sont prêts à s’organiser. Les syndicats sont soit absents soit dans la médiation ou carrément du côté des patrons ! Les directions syndicales appellent à la manifestation et la grève générale, stratégie périmée depuis longtemps. Ce n’est pas en comptant les manifestants sur quelques journées de mobilisation que l’on construit une lutte offensive !

Une grève, ça ne se décrète pas, ça s’organise ! Rencontrons-nous : dans chaque boîte et chaque secteur, des travailleurs tentent des stratégies pour bloquer la production, nous avons beaucoup à gagner à les partager et les multiplier.

C’est en se coordonnant que l’on arrivera à construire une grève massive et sauvage

Y’a pas moyen de continuer comme ça, depuis trop longtemps maintenant on fait tourner leur économie de merde, trop longtemps que la marchandise circule sous notre nez, trop longtemps qu’on se pète le dos au travail. C’est bien contre l’Etat capitaliste et notre exploitation qu’il faut s’organiser et pour sa destruction ! Ce n’est pas un hasard si ces dix dernières années des mouvements éclatent partout ; ils témoignent d’un embrasement collectif du prolétariat qui n’en peut plus de se faire exploiter comme des chiens.

Va falloir reprendre la rue et dépaver sec si on veut la tenir, ouais il nous faudra plus d’un feu pour tenir l’hiver !

www.asaprevolution.net
a.s.a.p@riseup.net

[Anonyme] Pour une grève générale illimitée et expropriatrice

Nous devons penser sur le long terme. Pour sortir du rituel de la seule manifestation et imposer un rapport de force conséquent capable non seulement de faire reculer la bourgeoisie sur la contre-réforme des retraites (etc.), mais d’installer un climat révolutionnaire. Nous devons bloquer l’économie, son flux, ses lieux de production et de distribution. Nous devons dépasser les cadres syndicaux, devenus des gestionnaires au service de la bourgeoisie. Autrement, nous nous condamnons au retour à la normal, autrement dit à notre exploitation.

Que ce soit clair : ce qui a de l’effet n’est pas la manifestation seule. On défile d’un point A à un point B et on rentre. Les manifs du samedi des GJ l’ont bien montré.

Ce qui a de l’effet c’est le blocage de l’économie.

D’une part, cela permet de s’organiser pour bloquer. D’autre part, ça donne l’occasion de formuler collectivement un projet de changement de société radicalement progressiste et bandant.

Le blocage les fait baliser à juste titre, surtout si c’est réparti sur l’ensemble du territoire. Là encore, le début du mouvement des GJ l’a bien montré.

En définitive, c’est la grève sur les lieux de production et/ou en amont (les ronds-points) qui est un outil permettant d’espérer un débouché politique autre qu’électoraliste. Car ça nous permet de nous réunir physiquement en assemblée et de construire ainsi notre autonomie de lutte.

Il s’agit de tout bloquer pour tout changer. Il faut donc dans ce cadre et dès le début imaginer les autres étapes. Contrecarrer leur projet de réforme c’est, ça devrait être, le début et non l’aboutissement.

Dans le meilleur des cas, le gouvernement recule pour l’instant jusqu’à la prochaine fois. On le sait tous et toutes.

Mais dans tous les cas, ça ne peut guère aller plus loin si nous n’avons pas dès le début en tête d’aller plus loin. Il s’agit là d’intelligence collective et de conscience de classe. Conscience qu’il existe deux France. Celle qui domine et profite et celle qui trime et se fait exploiter (c’est la question de fond des retraites).

Car nous ne voulons pas, quoi qu’il arrive avec cette réforme, qu’après qu’elle soit retirée, le retour à la normale. En vrai…

Nous voulons un point de non-retour pour que l’on puisse enfin dépasser les luttes défensives. Pour passer à l’offensive. Pour ne pas faire la révolution, mais faire révolution !

Nous voulons, ou nous espérons sans trop oser y croire, bien plus que ça. Ce que nous voulons ce n’est pas donner une occasion aux directions syndicales de sauver la face en récoltant les fruits de notre engagement et en se l’attribuant et en faisant de nous de simples figurants…

Nous voulons le zbeul général, l’échappée belle qui ne se termine jamais, nous voulons vivre vraiment et pas simplement survivre des miettes qu’on nous lâchera, lorsque les « partenaires » sociaux siffleront la fin de la récré.

Il nous faut agir en primitif, mais penser en stratège.

Marchons ensemble en faisant converger tous les acteurs et actrices des 15 dernières années vers un seul moment et même objectif : une grève générale illimitée et expropriatrice.

Ainsi, à la fin des prochaines journées de mobilisations, ne rentrons pas chez nous.

  • En mode Nuit debout, asseyons-nous en fin de parcours et commençons une AG.
  • En mode ZAD partout, occupons, là où l’on est, ce qui peut l’être pour bénéficier d’une base arrière organisationnelle.
  • En mode CPE, fédérons-nous en coordination nationale, nommons des délégués pour se rendre à une assemblée des assemblées.
  • En mode GJ, parce que l’on ne sait pas que ça ne se fait pas, osons faire ce qui ne se fait jamais, avec un signe distinctif qui nous unit.

Nous avons eu le jaune. Je propose un bout de tissu rouge autour de notre bras (s’il y a de meilleures idées).

Ainsi nous pourrons nous reconnaître et faire bloc.

Et apprenons du passé, en anticipant les contre-attaques et, dès le début, communiquons via nos médias pour que, tous et toutes, par mimétisme et intelligence collective, nous nous répondions.

Il y a plein de choses à faire : tags politiques, banquets collectifs, blocages, réappropriation d’outils de productions…

À bientôt, les camarades, toutes et tous unis pour faire la peau de ceux qui volent notre vie.

Tout le pouvoir aux communes !

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