[Barbaria] France, Grèce, Royaume-Uni… Prolétaires du monde entier, brûlons le capitalisme !

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Source en espagnol : https://barbaria.net/2023/03/21/francia-grecia-reino-unido-proletarios-de-todo-el-mundo-quememos-el-capitalismo/

Les manifestations en France contre le relèvement de l’âge de la retraite à 64 ans ont été menées, organisées et dirigées par les syndicats français organisés en intersyndicale et donc organisés à la manière syndicale, c’est-à-dire comme des pompiers sociaux qui doivent éteindre la lutte des classes : par des grèves un jour par semaine (en évitant les grèves illimitées), en refusant les assemblées de travailleurs et les barrages routiers. Les syndicats s’opposent toujours à l’auto-organisation et à la généralisation de la lutte par les prolétaires. C’est une leçon apprise dans sa chair par une minorité de prolétaires, qui déclenchent ces jours-ci en France des grèves sans contrôle syndical. Ainsi, la semaine dernière, la colère a explosé dans les rues des grandes villes de France : la réforme des retraites, qui oblige les travailleurs de France à prolonger leur exploitation directe, a été le détonateur de toute une colère accumulée, que la classe ouvrière accumule partout sur la planète. Paris brûle, Nantes brûle… Le fait de tout brûler ne suffit pas à éteindre les flammes des attaques et des humiliations incessantes que nous subissons quotidiennement de la part d’un système pour lequel nous ne sommes que marchandise et chair à canon. Le feu ne suffit pas, il nous faut plus. Mais ce feu anticipe ce que, en tant que prolétaires, nous ne pouvons pas encore exprimer massivement et unitairement en paroles, en assemblées, en tant que classe. La rage ne suffit pas, il faut s’organiser, il faut retrouver nos positions, notre programme. Car ces moments enflammés par la dynamique catastrophique du capitalisme qui produit des virus, des crises, des guerres, de la misère, sont aussi des moments où la révolution communiste apparaîtra de plus en plus fortement comme la seule perspective possible et réaliste.

C’est la énième attaque contre les travailleurs en France, pas la plus grave, certainement pas la dernière. La bourgeoisie, à travers son Etat, veut réduire le coût des retraites en prolongeant l’âge de départ à la retraite, une retraite qui pour beaucoup de travailleurs (précaires, au noir, domestiques…) est, et a toujours été, une chimère. Il y a là quelque chose de symbolique, l’augmentation de la condamnation au travail (en tant que totem suprême de l’exploitation) fait exploser la rage, même de ceux qui n’auront jamais le « droit » à la retraite.

Trop souvent le prolétariat agit avec une clairvoyance qu’il n’est pas encore capable d’exprimer rationnellement, il agit par une impulsion, par la nécessité même qui se matérialise dans la rage. Ce n’était pas la première attaque et ce ne sera pas la dernière, ce n’est pas en France, cela ne concerne pas les travailleurs français, c’est dans le monde entier, cela concerne tous les prolétaires.

Nous n’avons jamais cessé de lutter, même lorsque les conditions n’étaient pas favorables, nous n’avons jamais cessé de lutter en tant que classe exploitée, tant de fois nous n’avons pas d’autre choix. Et pourtant, nous venons d’une longue contre-révolution historique qui dure depuis 100 ans. Nous vivons, depuis quelques années, une période charnière, dans laquelle notre classe lutte pour défendre ses besoins humains. Des luttes qui expriment une tendance à la polarisation sociale produite d’un monde, le monde du capital, qui s’essouffle et ne peut que s’attaquer à nos conditions de vie en tant que prolétaires : luttes au Chili, au Kazakhstan, au Sri Lanka, en Iran… pour ne citer que les plus récentes. Il faut y ajouter la vague de grèves sauvages au Royaume-Uni ces 9 derniers mois, les mobilisations de la jeunesse en Grèce[i]. De différentes manières, elles expriment toutes le rejet des impositions du monde de la marchandise, un monde qui se réaffirme dans chaque attaque contre nos conditions de vie et qui réaffirme notre besoin de lutter contre sa misère.

Les conditions historiques et internationales du moment sont terribles : toujours dans l’ombre du Covid, la guerre impérialiste en Ukraine aggrave la débâcle capitaliste et son éternelle crise historique, ainsi que la hausse brutale des prix, couplée à une série de mesures qui sapent encore plus les conditions de vie des plus pauvres. À cela s’ajoutent des problèmes jamais résolus (problèmes de rentabilité) comme la migration de centaines de milliers de travailleurs fuyant la misère et la guerre et qui se heurtent aux murs et aux matraques, et à plus de misère encore s’ils les franchissent.

Et c’est dans ces terribles conditions, dans cette situation internationale, que nous trouvons l’espoir. Nous vivons un moment historique où une étincelle peut commencer à embraser le monde, parce que toutes ces révoltes et ces luttes peuvent se regarder dans les yeux, comme faisant partie d’un même projet, d’un même besoin humain de vaincre la misère et la guerre.

Ce n’est ni en France, ni au Royaume-Uni, ni en Grèce qu’une révolution s’exprime aujourd’hui, loin de là. Ce sont des mouvements où la présence politique et syndicale de la gauche du capital est très forte. Ils expriment une réponse à une agression constante, une réponse nécessaire aux mesures du capital qui nous vole nos vies. Ils expriment une contradiction fondamentale : le capital ne peut survivre qu’à nos dépens, et nous ne pouvons vivre qu’en détruisant le capital.

Les réponses immédiates contre les mesures d’austérité et de crise sont automatiques et nécessaires, à travers les luttes immédiates nous pouvons nous former, nous unir, gagner en conscience et en confiance et, oui, nous pouvons empêcher certaines mesures d’être appliquées, mais nous devons savoir que toute victoire partielle ne fait que retarder l’inévitable : l’imposition des intérêts du capital au détriment des besoins humains. Pour mettre fin à toute cette brutalité, nous devons aller plus loin, nous devons remettre en question l’ensemble du système.

Lors des récentes manifestations en Grèce pour protester contre l’accident de train qui a tué plus de cinquante prolétaires, les manifestants ont crié : « vous êtes des assassins, vous êtes des hypocrites, le système que vous avez organisé nous prive de nos vies », et à juste titre, ils étaient profondément conscients que ce système est organisé pour nous priver de nos vies et que le seul salut est de s’en débarrasser.

Le prolétariat a un long chemin à parcourir pour redécouvrir son programme historique, sa capacité révolutionnaire, un chemin qui a commencé lorsque le premier être humain s’est soulevé contre le pouvoir et l’exploitation. Mais c’est un chemin qu’aujourd’hui le capitalisme nous trace, en créant les conditions qui rendent notre lutte inévitable, ce qui ne veut pas dire qu’il nous facilite la tâche, mais qu’il ne peut pas faire autrement, que son développement brutal nous oblige à lutter.

Et sur ce chemin, nous rencontrons toutes sortes de flics qui vont essayer de nous arrêter, de nous tabasser, de nous convaincre de ce qui est le mieux pour nous, de nous réorienter. Flics en uniforme, flics syndicaux, flics politiques de toute couleur, flics psychologues, flics démocrates… tous déterminés à faire leur boulot, à sauver le cul d’un système qui prend l’eau de toute part.

Contre toutes ces polices, nous devons reprendre nos armes, que nous nous sommes forgées par la lutte historique :

  • L’internationalisme prolétarien, où que nous soyons dans le monde, quand nous luttons, quand nous luttons comme une seule classe, en dépassant toutes les divisions nationales qui ne profitent qu’à nos bourreaux.
  • L’autonomie prolétarienne. La direction de la lutte est assurée par les prolétaires eux-mêmes, en dehors et contre toute organisation qui tente de nous encadrer. Nous luttons de manière indépendante, pour nous-mêmes.
  • L’auto-organisation, la création de notre propre organisation et de nos propres espaces de lutte, de débat et de réflexion. Nos organes de pouvoir de masse en tant que classe et notre organisation d’avant-garde qui rassemble les minorités révolutionnaires.
  • L’unité au-delà de toute séparation imposée par les catégories du capital : quel que soit l’âge, le travail, d’être au chômage, étudiant ou retraité, homme ou femme, jeune ou vieux… nous sommes la même classe et nous exprimons le même besoin : vaincre le monde de l’exploitation, établir une société véritablement humaine.
  • L’extension de la lutte au-delà des secteurs du travail, des quartiers, des villes, des nations. L’extension de la lutte sous le slogan que toutes les luttes font partie de la même lutte et que toutes sont nécessaires pour continuer à lutter, pour vaincre. La solidarité n’est pas un joli mot, c’est une arme chargée.

Avec des intensités différentes et un long chemin à parcourir, mais la France, le Royaume-Uni, la Grèce… brûlent déjà, et nous saluons ces incendies, non pas pour ce qu’ils brûlent, mais parce qu’historiquement ils sont une étincelle parmi des milliers, qui tôt ou tard dépasseront leurs limites et embraseront le monde d’espoir et de révolution.

Pour le communisme

[i] Nous profitons de l’occasion pour saluer les « encapuchonné(e)s » d’Exarchia qui ont botté le cul de Varoufakis, cet avant-dernier pantin gauchiste de la bourgeoisie, et nous encourageons la propagation de tels exemples.

Traduction en français : Los Amigos de la Guerra de Clases
Dernières corrections : 29/03/2023

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