Vers la mi-juillet, nous avons reçu une plainte déposée par Trenitalia
(compagnie ferroviaire nationale italienne). Juste avant de partir en
vacances les avocats de l’entreprise nous communiquaient que le site http://autistici.org/zenmai23/trenitalia
nuisait terriblement à leur client et que, par conséquent, ils avaient
déposé auprès du tribunal de Milan une requête pour obtenir :
la fermeture immédiate du site ;
la publication sur deux quotidiens nationaux, à nos frais, de l’annonce du retrait ;
le retrait de toute référence à Trenitalia dans les metatags des sites Autistici/Inventati.
En plus de ces mesures d’urgence, ils demandaient aussi
une compensation financière relative aux dommages moraux et matériels
subis.
Le site en question était sans l’ombre d’un doute
critique à l’égard de Trenitalia, les critiques étaient exprimées de
manière satirique au travers d’un détournement de la page d’accueil du
portail Trenitalia - ironisant avec sarcasmes sur la collaboration
offerte par Trenitalia à la guerre en Irak en convoyant des armes sur
le territoire italien.
Il s’agissait d’une création artistique d’un collectif
de graphistes, comme on pouvait le lire en visitant le site. L’un des
400 espaces Web que notre serveur héberge.
Nous avons perdu, et dans l’attente de la prochaine
audience du 7 septembre qui débattra de la question du préjudice moral
et financier, nous avons été contraints de retirer ces pages.
Au-delà de ce cas particulier, c’est le fait en
lui-même qui est réellement préoccupant. À la place de Trenitalia cela
aurait pu être les lobbies du cinéma ou du disque, qui ont lourdement
influencé la législation sur les droits d’auteur et déterminé l’action
répressive conte le téléchargement ; ou le premier puissant paranoïaque
venu qui considère la liberté d’expression, la confidentialité des
données personnelles ou le droit à l’anonymat, comme des éléments
insignifiants qui peuvent êtres sacrifiés au nom d’un vague besoin de
sécurité hanté par la peur de l’autre.
Autistici/Inventati pourrait être un fournisseur de
services quelconque, et c’est comme tel que nous avons été considérés
comme responsables, et même auteurs matériels de tout ce que nous
hébergeons sur notre serveur.
Il s’agit d’un modèle inquiétant, qui s’affirme avec
force, celui contre lequel de nombreuses personnes se sont battues ces
dernières années pour préserver la liberté sur les réseaux.
Sur http://autistici.org/ai/trenitalia
vous pouvez trouver (en italien) les attendus du jugement et d’autres
informations sur le procès : il est sans doute inutile de souligner que
la condamnation pour dommages matériels et moraux pourrait être un gros
problème pour notre serveur qui vit de souscriptions et ne roule pas
sur l’or ; en plus d’être la énième confirmation de l’orientation
dangereuse prise par la législation italienne.
Au cours d’un été chaud
Autistici/Inventati